SOMMAIRE
ODE DE
L’ANTIQVITÉ
ET EXCELLENCE
de la ville de
Lyon,
composee par
Charles Fontaine,
Parisien
.
À LYON,
PAR IEAN
CITOYS.
M. D. LVII.
Auec Priuilege du Roy.
Extrait du Priuilege.
Par grace & Priuilege du Roy, il est permis
à maitre Charles Fontaine,
faire impri-
mer & mettre en vente par tel Libraire
& Imprimeur que bon luy semblera,
Odes &
Epigrammes par luy composez à
l[’]honneur de
France, & augmentation
de la langue Françoise. Auec defenses à
tous
autres de ne les imprimer ny ven-
dre,
iusques à huit
ans, du iour & date de
la premiere impression : Comme à plein
est
contenu es Lettres de Priuilege, sur
ce donné à Villiers Coterets, le
premier
iour d’Octobre, 1555.
Ainsi signé Declauerie,
& seellé en cire iaune.
[p. 3] 3
DES FORTRESSES
DE LYON.
Lyon prenoit gloire en ses seules foires
Le temps passé, par sus toute autre ville,
Estant, comme est, par franchises notoires,
Quatre fois franche, & d’autant moins seruile :
5Pour trafiquer trescommode & utile :
Mais maintenant par les bonnes adresses
Du Roy Henry, Roy prudent entre mille,
Lyon prend gloire aussi en ses fortresses.
[p. 4]
L’AVTEVR A SA
MVSE.
Muse, dy moy, dy moy
De ce Lyon, ce grand Lyon de France :
Dy moy sa force, & sa debilité,
Son double naitre, & sa double croissance.
L’ANTIQVITÉ
ET EXCELLENCE
DE LA VILLE
DE LYON
[Figure]
Lugdus Lyon edifia,
Lugdus de Gaule Roy trézieme,
Plancus le reedifia,
Romain qui les Romains y seme.
5
Batie fut premierement
Sur le mont Saint Iust & Forviere :
Puis rebatie expressement
Ioignant l’une & l’autre riuiere.
Cent ans apres subitement,
10Et par un cas autant estrange
Qu’on puisse lire aucunement
(Comme destin les choses change)
Feu Fatal destruite l’auoit :
Mais plus grande, & plus belle encores,
15(Comme par miracle) on la voit
Resuscitee, excellente ores
A 3 Lyon [p. 6] 6 ANTIQVITE
Lyon fut fait deuant Paris,
Et Paris fut fait deuant Romme :
Quant au temps donq il ha le pris
20Sus ces grans villes qu’on renomme.
Circius qui du temps d’Auguste
Y trainoit merueilleux dangers,
Chaßé ailleurs par la main iuste,
Marche par païs estrangers.
25
Deux riuieres avec deux monts,
Deux monts anecques [sic pour avecques] deux riuieres,
Naturelles municions
Y sont fortes en deux manieres.
Philosophes Atheniens,
30Selon aucuns, l’edifierent :
Maints Philosophes anciens
A tout le moins y habiterent.
Ainay, quasi comme Athenay,
D’Atheniens prend origine :
35Cette opinion que i’en ay,
Ie la trouue, & ne la deuine.
Bien fameuse uniuersité
D’assemblee Philosophique,
De [p. 7] DE LYON 7De venir y ha incité
40Maint grand Philosophe Athenique,
Alors que la guerre regnoit
En Athene scientifique :
Et que Minos ia y menoit
Par mer son armee Cretique.
45
Par Lyon passant Annibal
Y appointa deux Princes freres,
Dont l’un à l’autre vouloit mal,
Se menassans par armes fieres.
Les Romains l’ont euë en leurs mains,
50Et en ayant la iouïssance,
Y ont des Empereurs Romains
Veu la lumiere, & leur naissance.
Des edifices excellens
Y ont bati par excellence :
55Et y venoient les opulens
Par ebat, & magnificence.
Dans Ainay sus un grand autel
Auguste y eut sa grand’ statue
Entre soixante : & honneur tel
60Là son image il constitue.
De [p. 8] 8 ANTIQVITE
De Lyon honorablement
Dit le Poëte Satyrique,
Qu’en son temps, anciennement
Y florissoit la Rhetorique.
65
De Dreuz pour disputation
Venoit à Lyon maint Druide :
Lors mainte estrange nation
Maint point de science y decide.
Le siege Metropolitain
70Qui fait de France la Primace,
Y fut pour un temps lieu certain,
Et du Pontife seure place.
En son siege Pontifical
Hault presidoit ainsi qu’à Romme :
75Et n’y eut lieu en France egal
Au grand Lyon que lon renomme.
Ma Muse Lyon liera
Dans ses Vers de vive verdure :
Son nom florissant s’y lira
80Tant que François langage dure.
Lyon donq de Lugdus nommé,
Fut en estat scientifique
Ancienn [p. 9] DE LYON 9Anciennement renommé,
Maintenant il l’est en trafique.
85
Voilà que peut le changement
De ce cours incertain terrestre :
La mer on ha veu mesmement
Ou lon voit la plaine terre estre :
Et puis la plaine terre aussi,
90Lon ha veu, ou la mer s’enfle ore :
Tel cas esmerveillable ainsi
Maint liuvre & langue rememore.
Ne te fie que bien à point,
Lyon, en ta grande opulence :
95Vne nuit par dur contrepoint
Mit toute à bas ton excellence :
Soit par secret vouloir de Dieu,
Ou par quelque autre destinee
Qui souuent se rue au milieu
100De toute chose terminee.
Seuere außi trop fier vainqueur
Suiuant son nom te fut seuere,
Y usant de trop felon cœur
Par fer & flamme en grand’ misere.
B Fasse [p. 10] 10 ANTIQVITE 105
Fasse donq le diuin vouloir
Que ce soit de tes maux la somme :
Et que ton pouuoir & valoir
S’augmente, sans qu’il se consomme.
Ta harangue au iour saint Thomas
110Meuue à vertu toute la Ville :
De gens s’y fasse un grand amas
Prestans tous l’oreille docile.
Le bruit du grand Lyon est grand,
Ville longue aßise sus Saone,
115Et par mainte terre courant
Plus loing que la Saone & le Róne :
Son cœur par haut est ceinturé
De forte superbe ceinture,
Mais par bas il est emmuré
120D’une molle qui sans fin dure.
Vne grand’ coste de maisons
Costoyans la sainte montagne,
En chaudes & froides saisons
Quasi dans la Saone se bagne.
125
Les monts & vaux y portent fruits,
Y sont [p. 11] DE LYON 11Y sont à plaisir & deduit
Costoyans la Saone & le Róne.
Quant aux temples saints & sacrez
130Qui meritent la preminence,
Ils sont riches, & diaprez,
Et bien seruis par ordonnance.
Le Saint d’une large peau ceint
Sur tous autres son beau chef dresse :
135Ce saint qui montra l’Agneau saint
Tient siege en l’eglise maitresse.
Mais l’autre Saint vous vient apres
Qui ouit son maitre en la nue,
Ce Saint qui nous gagna les Grecs,
140Ce Saint qui tient l’espee nue.
Le Saint Euesque, & puis Confort,
Et l’Abbaye renommee
Toute la ville honore fort,
Et l’Obseruance bien aymee.
145
Saint Iust avec Saint Irigni ,
Et Saint Eucher né au lieu mesme,
D’epistre & de mitre garni,
Font que ce lieu encor mieux j’ayme.
B 2 Les [p. 12] 12 ANTIQVITELes arcs antiques bien liez
150De fort ciment qui mille ans dure,
Ne creingnent les vents desliez,
La pluye, ny la gresle dure.
En erain & marbre on peut voir
Belles Romaines escritures,
155Et des morts merueilleux manoir,
Les fortes clauses sepultures.
En ce païs à l’enuiron
Les belles mines ou minieres
Cachent dedans leur grand giron
160Des metaux de maintes manieres.
La chaux utile là se fait :
Dans terre se trouue la pierre :
Sous terre on l’arrache & deffait
Pour faire batimens sus terre.
165
Illec un & autre mont
Saint Sebastien & Foruiere,
Et les yeux & les cœurs semond :
Puis une & autre riuiere.
Le Róne y court s’aparier,
170Et à la Saone s’accompagne
Pour [p. 13] DE LYON 13Pour à elle se marier,
Tesmoin le mont & la campagne :
Et marche d’un pas plus hautain,
En courant d’une forte alaine :
175A fin que d’un braue & beau train
Saone son amie il emmeine.
Le Soleil haut monté les voit,
Et leur chaleur d’amour augmente,
Plus pres les verroit s’il pouuoit
180Rompre sa course vehemente.
D’un aspect droit, non de trauers,
(Comme Mars & Venus) les vise :
Tous deux tous nuds, tous descouuers,
Et nullement s’en scandalize.
185
Tous deux s’en vont s’entr’embrassans,
Et courans par païs sans cesse :
Chacun les voit se caressans,
Et sent le fruit de leur caresse.
C’est grand cas que le feu d’Amour
190Penetre l’eau tant froide humide !
Et que Cupidon alentour
Tire tant que sa trousse il vide.
B 3 Mesm [p. 14] 14 ANTIQVITE
Mesmement dessous les glassons
Les froids poissons chaude amour sentent :
195Bien qu’ilz soient muets les poissons,
Dedans leurs cœurs d’amours ils chantent.
Ces deux riuieres ont bon port,
La marchandise necessaire
Y arriuant par grand aport,
200Leur charge le doz ordinaire.
Les foires franches quatre fois,
Quatre fois l’an y sont hantees
D’Alemans, Toscans, Portuguois,
Et des plus loingtains frequentees.
205
Auant les foires y eut bien
Beaucoup de race de Noblesse,
Qui laissant la ville & son bien,
Aux bien des champs print son adresse,
Pour ne se mesler en ce fait
210De marchandise, & de trafique :
Car vraye Noblesse en effet
Aux faciendes ne s’applique.
Au change on vous asseurera
(De tout païs marchant s’y treuue)
Nauire [p. 15] DE LYON 15 215Nauire allant en Samatra,
En Calicut, en Terre neuue.
Les nouuelles de toutes parts
Des grans trafiques & menees,
Et de toutes nouuelles arts
220Vous diriez illec estre nees.
En festins, banquetz appareilz
Lyon vous fait tant bonne chere,
Qu’ailleurs s’en font peu de pareilz,
Ny auec coutange plus chere.
225
Les Dames y vont brauement
Et bien en ordre, & bien coifees,
Si qu’on les prendroit proprement
Pour de belles Nymphes ou Fees.
La beauté & la braueté
230Sont en contention ensemble
A qui le pris aura esté,
Et qui mieux l’œil & le cœur emble.
Les passetems & les deduits
Dans la ville, & sur la riuiere,
235Sont ordinaires iours & nuits :
Mommerie y est la premiere.
Au reste [p. 16] 16 ANTIQVITE
Au reste c’est bien une gent
Laborieuse, & fort actiue :
Et qui ne iette pas l’argent,
240Ains experte à la lucratiue.
Le peuple n’y est gueres sot :
S’il tient un peu de l’auarice,
Ie m’en rapporte, & n’en dy mot,
Ains leur voudrois faire seruice.
245
Lyon fait ouurages diuers,
Ouurages premier Italiques
Prenans origine des vers,
Maintenant ouurages Galliques.
En mille maisons au dedans,
250Vn grand million de dents noires,
Vn million de noires dents
Trauaille en foires & hors foires,
Sur estampe blanche mordans
D’une merueilleuse morsure,
255Qui sans entrer auant dedans
Dure sans fin & sans mesure :
Et se fait connoitre par tout
Ou le Soleil se leue & couche
Auec [p. 17] 17 DE LYONAuec honneur sans fin ne bout,
260Tant bien sa morsure elle touche.
Là les grans villes on y voit
Au vif pour un grand tems empraintes :
Là y revit (pour mort qu’il soit)
Le Poëte, & ses Muses saintes.
265
Sur buffets & tables reluit
L’or & l’argent : mais qui tout passe,
C’est le bon sens qui tout conduit,
C’est le bon heur, l’honneur, la grace.
Cette Iustice & Consulat
270Ornez de Chefs pleins de prudence,
Ainsi comme bon Potestat
Y ont la main par euidence.
Ce pont preßé & empesché,
Vous fait maintenant large voye :
275Le passant n’y est point fasché,
Et la Saone s’en va plus coye.
Cette bride & restriction
De la superflue despense,
D’une estroite obseruation
280Se maintient bien en sa defense.
C Ces [p. 18] 18 ANTIQVITE
Ces biens dißipez & perdus
S’appliquent en meilleurs usages :
Parquoy les gens en sont rendus
Et trop plus sobres, & plus sages.
285
Ce bien, plus grand bien que i’y voy,
C’est cette aumosne generale :
Qui est (ainsi que ie conçoy)
La grand’ vertu à nulle egale.
Ce beau Croissant, tousjours croissant,
290Par sa vertu & influence
Vous ira tousjours accroissant :
Tous biens aurez en affluence.
Ou est la ville ayant tel bruit
En Changes, Foires, Marchandises ?
295Nulle mieux que Lyon ne bruit,
Soient les Anuers, où les Venises.
Vos honneurs, Consuls, & Marchans,
Depuis le Gange à la Tamise
Heureusement s’en vont marchans,
300Honneurs qui sont par tout de mise.
Faites donq que vous l’aduenir,
Votre honneur, & votre trafique
Se [p. 19] DE LYON 19Se puissent tousjours maintenir
Auec ce train honorifique :
305
Faites le courir tresauant
Par bon conseil, & grand’ police :
Passer le Ponant & Levant,
Et que son parfait s’accomplisse.
Le Roy par son nouuel Edit
310Des droits forains, & d’importance,
Ainsi l’entend, le veut, & dit,
Apres ouïr la remonstrance.
Ie te salue, ô grand Lyon :
Ie te salue, ô quasi Isle :
315Prend ma Muse en affection,
Muse qui ne t’est inutile.
Fait en l’an des grandes chaleurs,
Durans cinq moys sans grandes pluyes :
Iullet rendit les raisins meurs,
320Et Aoust vendanges accomplies.
C 2 [p. 20]
Sur le trespas de Sebastien Gryphe ,
Imprimeur &
Libraire
de Lyon.
La grand’ Griffe, qui tout griffe,
Ha griffé le corps de Gryphe,
Le corps de ce Gryphe : mais
Non le loz : non non, iamais.
[p. 21] EPIGRAMMES. 21
[1]AV SENESCHAL
de Lyon, Guillaume
Gazagne .
Vne prompte dexterité,
Et haut vouloir plein de bon zelle,
Auec la grace naturelle,
Font splendir ton autorité.
[2]Au Lieutenant Ciuil .
L’autorité, & le sçauoir,
Le sçauoir & l’autorité
Qui se font cy clerement voir,
Ont vers toy mon vers excité.
[3]Au Lieutenant Criminel .
Mon vers salue maintenant
Torueon, l’autre Lieutenant
Criminel, qui le crime & vice
Balance, & punit par iustice.
[4]Au Lieutenant Bryau .
Comme es Caton en ton office,
Et en sincere conscience,
Ma Muse außi dit qu’es Sulpice
En profondeur de ta science.
C 3 A l’Ad [p. 22] 22 EPIGRAMMES.
[5]A l’Aduocat du Roy .
Science, honneur, autorité,
Ont deuers vous pris leur adresse :
Außi vous espuisez sans cesse
Des grans loix la profondité.
[6]Au Procureur du Roy .
Ma Muse, assez de vous connue,
Connoit en vous la vigilance,
En faicts & dicts une constance,
Prompte response, & resoluë.
[7]A Monsieur du Puy .
Des grandes loix les grandes bandes,
La theorique, & la pratique,
Toutes sont euidemment grandes
Au grand du Puy scientifique.
[8]Au Conseiller Limandas .
Comme plusieurs ie croy & voy
Bon heur, bon sens, foy, loy, science,
Faire un beau lustre, & residence
Auec ce Conseiller de Roy.
Au [p. 23] EPIGRAMMES. 23
[9]Au Iuge de Villars , Iuge
Ordinaire.
Douce parolle d’importance
Constance en zele de Iustice,
Iustice en zele de constance
Luisent chez toy en ton office.
[10]Au Lieutenant Mellier .
Grand’ promptitude auec grand’ grace,
Bon sens auec bonne science
Iointe auec longue experience,
Sont en ton esprit, & ta face.
[11]Au Iuge Girinet.
Puis que tu quiers à me connoitre,
Approuuant par ta voix ma Muse,
Ton amitié ie ne refuse,
Que veux par mes vers reconnoitre.
A l’Ad [p. 24] 24 EPIGRAMMES.
[12]A l’Aduocat Athiaud .
Dedans Lyon tant honoré,
Il faut que ma Muse t’honore :
Par ses vers seras decoré,
Puis que grand’ vertu te decore.
[13]A l’Aduocat Laurens .
C’est bien raison que dans ces rengs
Y vienne l’Aduocat Laurens ,
Luisant en vertu & en loy
Comme fin or sus fin aloy.
A Mons [p. 25] EPIGRAMMES. 25
[14]A Monsieur & Madame
de Cheurieres.
L’honneur de vous, & de votre famille
Qui de Lyon va courant par la France,
Meriteroit des vers plus de dix mille
De la plus haute Apolline puissance :
5Mais toutefois cette grand’ reluisance
Noble vertu, grace heureuse & facile,
Sans coulourer se monstre à suffisance
Euidemment & aux champs, & en ville.
[15]A Claude Laurencin , Seigneur
de Riuirie.
De lignee, d’honneur & biens
Es grand, en grandeur bien-heuree :
Mais encor plus grand ie te tiens
Haussant ton chef entre les tiens
5Par ta vertu non mesuree.
[16]A Monsieur de Saint Irigni ,
son filz.
Ce lustre, & vertu paternelle,
Puis l’amour de ton pere en moy,
Ne veulent que ie taise & celle
Ce que du filz ie pense, & voy.
D Aux [p. 26] 26 EPIGRAMMES.
[17]Aux deux Groliers, l’un Secre-
taire
du Roy, & l’autre
Tresorier.
Ma Muse a moy ne voulons taire
Ce renommé nom de Grolier :
Grolier dans Lyon Secretaire,
Grolier dans Paris Tresorier.
[18]A Iean Camus , Secretaire
du Roy.
Si à ton loz ie veux escrire,
Non plus auras de loz comme euz :
Car c’est un nom que i’entens bruire
De tous costez, que Iean Camus .
[19]A Pierre Sceue , Eschevin.
Sceue est humain, non non seuere,
Prudent, & non leger, ny rude :
Außi en tout bien perseuere
Sa prudence & solicitude.
[20]Au General Imbert Faure .
Grauité & facilité,
Facilité & grauité
Au [p. 27] EPIGRAMMES. 27Au contrepois bien balancees,
Sont en tes faits, & tes pensees.
[21]A Nicolas Perret ,
Escheuin.
Ta douce vertu naturelle
Que m’as fait connoistre amplement,
Incite mon vertueux zelle
A te louer plus amplement.
[22]A Girardin Pance , Esche-
uin de la
ville de
Lyon.
Qui à ce nom adioutera
Vne lettre que ie sçay bien,
Incontinent il trouuera
Cil du fondateur ancien.
D 2 A Fran [p. 28] 28 EPIGRAMMES.
[23]A François Delbene .
D’un dous visage la beauté,
Ainsi que dit le Roy Alphonse ,
Est un grand signe de bonté,
De vertu, & de grace absconse.
5Terre sans espine & sans ronce,
Belle à voir, est bonne & utile :
Ta belle ame en beau corps reconse
Ainsi se rend douce & docile.
[24]A M. Antoine Galand , prece-
pteur
dudit François
Delbene.
Laboure, Ami, en cette terre belle
Et bonne außi : car puis qu’elle est fertile,
Elle ne peut qu’en fin ne te soit telle,
Comme i’espere, honorable & utile.
[25]De Iules Spine .
En beau grand batiment recent
Va ce beau petit innocent
S’exercer apres sa leçon :
Qui n’en priseroit la façon ?
A Maistre [p. 29] EPIGRAMMES. 29
[26]A Maistre Matthieu Michel ,
Le Parq & vous & moy
(Trois cordons, une corde)
Ne craingnons nul desroy
D’enuieuse discorde
5Qui nous rompe ou decorde
[27]A son ami Boissiere.
I’ay veu ton liure & ieu Pythagorique,
Apren le moy : si me le veux aprendre,
Ie te feray maint bel Enigme entendre
Que i’ay dedans mon cler chef Poëtique.
[28]A Iacques Page .
Quand i’emplirois toute une page,
Et que mieux que moy i’escrirois,
Encor ne me contenterois
D’auoir escrit à Iacques Page.
[29]Response par ledit
Iacques.
Ie te donrois en contr’eschange
Des vers de ma petite veine :
Mais ta clere & vive fontaine
Va surpassant toute louange.
D 3 De [p. 30] 30 EPIGRAMMES.
[30] De Fontano fonte, Martialis
Chassagnoni disti-
chon.
Parisijs scatuit, Lugduni fundit abundè :
Hic fons nempe suis Regna rigabit aquis.
[31] Eiusdem alterum distichon
in zoïlum.
Liuide fata feras : fundit felicia Francis
Carmina Fontanus : Liuide fata feras.
[32] Cl. Gallandij, in Caroli Fontani
Poëtæ laudem,
carmen hexametrum.
Fontanum gignit populosa Lutetia Vatem :
Illum ipsum pascit cœlesti gramine Pallas.
[33]Traduction.
Paris peuplé Charles Fontaine engendre :
Pallas le paist de celestre herbe tendre.
Mart [p. 31] EPIGRAMMES. 31
[34] Martialis Chassagnon .
Haurit aquam quisquis Fontani fontis amicam,
Is non haurit aquam, nectar at ipse bibit.