Par grace, & priuilege du Roy, est permis à
Tournes
faire imprimer vn Liure intitulé
liures d’
nommé,
de
Et fait defenses de par ledit Signeur, à tous Libraires,
Imprimeurs & personnes quelconques, de non
mer
ne faire imprimer, vendre ne distribuer en ses païs,
terres & signeuries, ledit Liure susnommé, sans le
vouloir & consentement dudit Tournes, sur les peines
contenues esdites Lettres de Priuilege : & ce, iusques au
tems & terme de dix ans, à conter du iour & date de
la premiere impression, comme plus à plein est contenu
dites
Layexv. de Iuillet. L
promis de rechercher mon Translat
de Duel (autrement combat
parti
culier)
que i’escriui estant auec vous
à
auec l’Epitre liminaire adressante
à vous: mais apres auoir
ment
ques
le premier de mes labeurs que i’ay perdu, entre tant
lees
nonostant des lors ie pensay de vous faire present d’un
au
tre Translat que ie
ferois tout de nouueau, à fin que par ce
connoissez la perseuerance de mon
vouloir enuers vous.
Et ay entre autres liures choisi celui
d’
cien
la matiere & efet de
Songes: lequel ha esté traduit de
notre tems par un sauant Medecin &
Filozofe, & mis
de Grec en Latin. Dudit euure Latin i’en ay traduit
en
notre langue le premier liure, comme par maniere
tome.
& qui n’estoit necessaire, ie l’ay laißé: ainsi que sont plu
sieurs supersticions des Payens, qui seroient ridicules à
sent.
ofre presentement: estimant que ce Translat & petit
beur
interpretacion d’iceus semblent conuenir
ment,
leur
inspiracion & commandement, ou contreinte de
cer
Poëtique, mais außi la science & interpretacion des
ges,
Ainsi il ne vient point mal à propos apres mon
liure
d’Epigrammes que ie vous ay presenté dernierement.
uantage,
außi ne viendroit point mal apres mon Translat de la
Chiromance, qu’auez vù, & lequel vous usse adreßé,
n’estoit que ie
doutois: par ce qu’aucunes gens ne font pas
cas de ces Pronostiques. Maus
puis apres conoissant par
votre propos, qu’ußiez bien pris que ie vous
l’usse adreßé,
ie n’ay fait dificulté de vous adresser l’euure presente,
&
aucunement reconnoitre ma faute. Car l’Auteur Latin
n’auoit pas
fait dificulté d’adresse son euure au
de
Mantoue
autrement sciences diuinatrices, seroit condanner &
prouuer
sons
certein qu’
ha traité de la Fizionomie, ha parlé de la
Chiromance,
ha escrit des Songes, ha composé de l’Astrologie: qui sont
toutes sciences aucunement diuinatoires, c’estadire,
tiues
aiouter telle foy, comme à choses certeines & infalibles.
Mais pource que les choses superieures (ou plustot Dieu
mesme) meuuent
& gouuernent les inferieures, de sorte
que communément & par raison
naturelle, & par
perience
est produit tel ou tel efet, lon ne peut
faillir de soy exercer
à connoitre & entendre les choses secrettes en
la nature,
autant que Dieu & Nature nous le permettent. Et est
vraysembable, ou plustot veritable, ce que tiennent les
Filozofes: Que Dieu
& Nature n’ont rien fait & ne font
rien sans cause. Et ie croy, que
bien souuent Dieu nous
auertit de choses qui nous touchent, & notre
honneur,
salut, & santé: par sines, visions, songes, & autres
moyẽs
qu’il lui plait: ausquels si nous pensions bien, nous &
nos
afaires s’en porteroient trop mieus. Comme auint
auertissement par Songe
auant la destruction de
& auant la mort
de
plus saint,
& plus aprochant de la diuinité, qu’autant
que l’esprit humein le peut
porter, connoitre & entendre
une partie des choses à venir, sans
ofenser Dieu? ains par
moyens des causes & sinificacions precedentes,
qui nous
sont par lui enuoyees? Ce qui est propre seulement à
l’homme,
qui ha vsage de raison, par laquelle il peut
discerner & iuger des
choses à venir, ainsi comme dit
en toutes graces & perfeccions bien né,
sous lequel sont
nees derechef & entrees au monde les bonnes
lettres)
nous auons l’art de Fizionomie, Chiromance, Astrologie
mieus & plus correctement imprimé, que depuis deus
cens
ans: & par son autorité & commandement nous
voyons toutes sciences
se resiouir & renouueler.
Mais ie retourne à mon propos.
(ainsi nommé à cause de la petite vile ou bourgade
dont
estoit sa mere, qui est situee en
à present
voulu ainsi honorer & renommer
du titre de ce Liure,
en l’honneur, reconnoissance, & reuerence de sa
mere:
car de lui il estoit Efesien, c’estadire, natif de la vile
d’
fésè
une sienne epitre. Et außi
tres
en cetui il ha voulu
mettre Daldian, pour raison que
dessus,) ha esté fort sauant de son tems,
& entre
tres
sorte qu’il ha voulu visiter plusieurs päis, &
s’est trouué
es viles, vniuersitez, & assemblees de
d’
expreßément pour sauoir, pour enquerir, & disputer
de
l’interpretacion & efet des Songes. En quoy il ha esté si
excellent, qu’il ha par tout esté le bien venu, voire iaçoit
que les
Vaticinateurs ussent quelquefois esté chassez, ce
nonostant il ha esté ouy,
& reçu, & en ha parlé &
disputé pleinement & publiquement:
ha conuersé
ques
païs. En quoy apert la grand’ vertu de son
courage, qui
n’estoit point adonné aus grandes auarices &
ambicions
de ce monde, entreprenant si grans voyages auecques si
grans
fraiz seulement pour aquerir honneur & renom
iont à vertu: c’est d’aporter ce proufit à la posterité,
que de
recherche les choses secrettes en la nature des
Songes, & nous les
esclarcir & rediger par escrit. Certes
il getoit l’œil beaucoup plus
loin que sur sa vie & sur
son tems, ayant ce bon & vray iugement,
qu’il n’y ha
honneur, ne vie longue que celle qui est aquise par
lettres
& sciences. Et auiourdhui s’il s’en trouuoit quelcun qui
voulust ainsi consumer ses biens, & vser son corps en
voyages
lointeins, seulement pour aquerir sauoir sans
proufit, lon s’en moqueroit
comme d’un fat. Seulement on
ha egard s’il y ha bonne trafique, ou s’il y
ha moyen
cun
la mort de telles gens qui n’ont regard qu’au vil
metal,
& à la terre, leur honneur auecques toutes leurs
cions
tre
trois fois trois cens ans, qu’il est
mort, & lon parle encores
& parlera lon de lui par tout l’uniuersel
monde. Il
criuit
estoit
nyase
sien
il les ha tous passez si bien, qu’il nous est quasi tout seul
demouré.
Des Songes qui apartiennent à une Republique,
munauté,
point
à un homme particulier & de bas estat seulement:
mais bien aus Rois,
Princes, Gouuerneurs, Chefs &
Capiteines: & en ce il parle avec
s’aparoissent à plusieurs de
bas estat, qui les raportent &
recitent publiquement auant que sortir son efet.
Außi pareillement il est d’auis, & conseille ne
dre
mais avant de se ingerer d’interpreter, veut que lon ait
parfaite souuenance du commencement, du milieu, & de
la fin du songe,
& de toutes les circonstances, à fin d’en
estre plus seur, & mieus
discuter la matiere. lon scet par
faute de ce, comment il en est pris au
Colonel
Außi veut que lon regarde aus qualitez des
nes,
comme verrez au liure. En quoy errent grandement
ceus qui ont voulu traiter
brieuement & rediger cet art
en reigles generales: comme i’en ay bien
connu quelcun
de ce temps. Contre lesquels notre Auteur escrit, &
les
pique quelquefois aigrement, soy armant tousiours de
sons
d’experience) i’ay memore d’auoir songé estant auecques
vous
delà les monts, depuis außi à
se
nu,
me
außi depuis par
plusieurs & diuerses fois. Ce qui m’a
grandement incité à le traduire,
& augmenté l’afeccion
de le vous ofrir. Car ie ne fay doute, que
quelquefois qu’il
vous plaira y auiser, ne trouuiez semblablement
perience
rience
quelle
qui ont escrit parauant lui.
Du tems & heure, que les Songes qui emportent efet
se voyent, ie serois bien d’auis auecques
sur le point du iour, ou depuis la minuit. Car iusques
uiron
ocupez à la digestion du souper, qui dure aus uns plus,
aus
autres moins selon la force & debilité, chaleur ou
deur
vaquer à faire grandes choes, atendu ledit
ment
faite, que les sens sont en bon repos, l’esprit qui
tousiours
veille, alors plus facilement trauaille, feint, forme, &
presente
son hoste: lui enuoye, & montre comme en un miroir,
certeines forems, figures, especes de visions &
cions
des ondes de mer, fut geté mort sur l’arene. Ce qui sinifioit
la
mort de
ondes, & geté ainsi la mesme nuit au riuage. Toutefois
notre
quile
ment
De la cause des Songes,
uoyee
ment:
les songes qui emportent efet, & qui pareillement
sont
vuz par gens peu chargez d’afeccions en leur esprit, &
außi
de viandes en leur corps, certes c’est une chose à
merueilles haute &
secrette, & beaucoup plus diuine
que lon ne pense pas. Et ce n’est
point sans cause, que le
Filozofe
merueilles de Dieu. C’est ce que le poëte
les esprits ont une Vigueur
spirituelle & celeste origine,
laquelle ils exercent & mettent en
efet, d’autant que les
corps (qui sont sugets à plusieurs maus, & qui
sont
me
chent
que nous reuerions notre
esprit, comme une chose sacree,
en suiuant
ure
& police d’une vile, la forme
d’une Republique, la
stitucion
Oracles, qui sont responses & reuelacions de
Dieu, soit
par Songes, Visions, ou autres moyens. Et dit que nos
esprits, s’ils n’estoient tant distraits, & que de toute leur
force ils
ussent leur accion & intencion à certeine chose,
ainsi que le feu de
toute sa force & intencion brule, ils
roient
que ne sont les
Elemens ny le Ciel. Et de cette opinion sont
außi
Il apert donq que ce que
Somni ne cures,
ne fait contre nous. Car il
declare puis apres de quels
ges
Nam mens humana quod optat,
Dumvigilat sperans,
persomnum cernit idipsum.
par laquelle adicion il s’expose,
donnant clerement à
tendre
par afeccion & apetit charnel. Comme vn
Vsurier qui
songeroit apres l’or & l’argent: un paillart apres sa
paillarde: & autres semblables choses que lon auroit
souhaitees. Ce que reprouue fot notre auteur
dore
& qui sont de Dieu, sont bien autres que l’efet
& que
l’experience d’iceus. Et au contraire, que les Songes qui
sont confirmes aus afeccions & pensees, sont autant
lant
Certes ie croy bien, qu’un paillart ordinaire, un usurier,
un enuieus, un
ambicieus, un yurongne ne verra pas
communément Songe qui concerne
l’honneur, le salut,
& profit ny de soy ny des siens, ny de la
Republique: mais
l’homme de bien, vertueus, pur & net (autant qu’il
est
permis à la fragilité humeine) i’estime que cetui là
quelquefois
verra & interpretera Songes & visions au
salut, honneur, &
profit de soy, des siens, & de la
blique:
souillé auec
l’acointance du corps.
En la sainte escripture nous en auons experience au vieil
& nouueau
Testament, de
seph
tres,
que ce n’estoit
point chose nouuelle, si Dieu enuoyoit des
Visions & Songes. Il y ha
d’autres passages que ie laisse
aus Theologiens.
Quant aus Histoires humeines, on y ha beaucoup vù
d’issues &
experiences des Songes: comme de la mere de
le
ta
Außi la mere de
un flambeau ardant qui bruloit tout le païs: ce qui auint.
Car
arsure & destruccion de
interpreté sa seur
n’aiouta point de foy, dont tresmal en print,
non seulement
au Roy & Royne, pere & mere dudit
tout le Royaume: dont la grande
destruction miserable est
encores auiourdhui en bruit.
De
à qui les plumes croissoient, & qui incontinent les esles
estendues & volant en haut, chantea un chant dous &
harmonieus: Et
le lendemain
estre son
disciple: qui par son savoir ha volté haut, & par
son eloquence ha
chanté doucement.
Du Roy
te, qu’il voyoit
proceder de la nature d’icelle une vigne,
croissant si fort que ses rameaus
couuroient toutes les
gions
de tous ses païs. Ie pourrois encore alleguer de
Filozofe interpreta le songe, selon laquelle interpretacion
auint.
De
autres, qui ont eu des
Songes, & des Visions nocturnes,
dont les efets sont auenus, comme en font
foy meintes &
diuerses histoires: mais pour cause de brieueté ie
m’en
deporteray. Ie me tais außi du songe de
ron
cette epitre est paruenue à bonne & iuste longueur, &
beaucoup plus loin que ie ne pensois: mais le fil de l’oraison
m’a mené si loin. Seulement ie diray, qu’il me semble,
que ce seroit trop
grand mespris, & parlé en homme
tal,
personnes sont choses
vaines, & de nul efet. Ce qui ha
desia aucunement esté prouué faus cy
dessus, tant par
ures
seroit arguer contre Dieu & la Nature, &
contre la
uidence,
vray dire) le miroer des choses diuines, en le
faisant
iours
le corps repose: qui est adonques qu’il semble
mieus réner
en sa force & vertu, & en sa noblesse spirituelle
hensiue
Si me vengeray auec
bien, soit vif soit mort, est entre les mains de Dieu:
quel
ci,
voyes secrettes & ocultes, ainsi qu’il lui plait.
Et diray
encor ce mot, que les Songes sont vne chose d’autant
plus
diuine que la Fizionomie, Chiromance, Pedomance,
Astrologie, qu’ils sont
faits par l’esprit seul. Les
cins
connoissent quelquefois la qualité
& quantité des
meurs
longueur des maladies.
Ie ne doute point que quelques gens de prime face quand
ils liront
en ce liure, l’estimeront chose vaine &
se:
auparauant que
i’usse vù le Liure i’en pensois autant,
& peu de tems apres que i’en eu lu quelque
partie: Mais
depuis que auec grand tems & longues saisons i’ay
féré
ie ne puis que ie ne porte reuerence & admiracion &
à
l’euure & à l’ouurier.
priant,
Monsigneur, que puissiez tant songer & songner
au bien, defense,
honneur, & augmentacion du
Royaume, que votre bien & honneur
aille
tousiours en croissant, comme il fait, de
sorte que quelque iour
le voye
encor redoublé par la
lité
et trespuissant Roy
de
iours
rissant.
*
& desir sans
aucun d’oute de mettre
la main à cette euure: mais i’ay diferé
iusques à present, non point par
las
cheté,
ou legereté de
courage, ains
plustot pour la hautesse des speculacions, &
titudes
tradiccion,
quels,
ce,
ne plaisir: ains
quierent autres sciences, &
pacions.
cessité,
ment
nous, m’a tellement cõtreint, que ie ne
veus plus
atendre, douter, ne diferer d’escrire les choses que
ie
cõnois par experience. Et ie ne croy que i’ay bien
la sufisance, &
assez ample, pour repousser & con
ueincre par les témoignages des efets, issues, &
experiences mises en auant, tant ceus qui veulent
nier la prescience &
vaticination, comme de con
firmer, quasi par medecin salutaire, ceux que ia
en vsent,
mais par ce qu’ils n’en ont pas certeine
connoissance, ils s’y sont trouuez
abusez, & y ha
doute, & danger qu’ils ne la desprisent, &
sent.
à ce tems ont escrit, esperans louenge par leurs
euures,
& seulement pensans auoir renom s’ils
escriuoient de l’interpretation
des Songes, ont
conferé par ensemble les exemplaires & traitez
de
cette matiere, exposans les choses qui auroiẽt
esté bien escrites par les
anciens: ou aioutans
maintes choses non vrayes à ce peu qu’il auoiẽt
tiré, recueilli & apris d’iceus: Car non point par
experience, mais
sans premediter ont escrit
me
estois auis. Et de telles gens les aucuns ont
tous
luz les anciens, mais non entẽduz du tout, pour
leur antiquité,
& ia corrompuz: les autres ne les
ont pas tous luz. Mais moy & de
grand cœur
& labeur, i’ay quis & recherché tous liures de
l’in
telligence des
Songes, & quand mesme tous les
Vaticinateurs estoient dechassez par les
graues
& seueres personnages, i’ay toutefois, & ce
ostant,
& seueres sans calonnie ny facherie aucune, par
plusieurs
annees, en
gregacions. Et
dauantage en
aus Isles fameuses & peuplees: A
cette fin & in
tencion seulement, que i’entendisse, & connusse
les
antiques Songes, & l’experience d’iceus: Car
ie ne pouuois pas
autrement estre fait, &
menté
puis bien amplement dire de tout en
particulier,
& possible plus que l
qu’en recit de la verité, ie ne seray point
trouué
menteur. Et des propos que ie tiendray, i’en
neray
tout
le monde pourra entẽdre, par les
ses
sinon que la chose fust de soy si
facile
qu’il ne seroit
soin
raison,
&
terpreta
cion.
speculatifs, qui correspondent
à leur vision: Comme, quelcun
ha songé que la Nauire ou il
estoit, perissoit: & au réueil
trouua qu’il estoit vray, & se
sauua auec peu de gens: Les autres
sont
riques,
me
quoy de secret caché dessous, dont ie dõneray la
raison. En premier lieu donq ie donneray
cion
puisse rien rien
aleguer ny cõtredire, sinon gens
tencieus.
l’Ame en diuerse forme, &
sinificatiue de biens
ou maus à venir. Des Songes, ceux qui ne
dent
& enuers ceux qui les voyent, & non enuers
au
trui, ny par autrui, ils auiendront à ceus qui les
voyent.
Comme parler, chanter, dancer,
tre,
ou des choses externes, comme lits,
cofres, habits,
meubles, combien qu’ils soient propres &
culiers,
cheins,
Et en cette sorte la teste sinifie le Pere: la
dextre,
la Mere, le Fils, le Frere: la main senestre, la
me,
ges
ceux qui se font par nous & en nous, ou enuers
nous seulement, ils doiuent estre reputez
nir
ceus qui ne font à
nous, ou enuers nous, ny
par nous, auiẽdront à autrui: toutefois si ce
sont
nos amis, & que les Songes soient sinificatifs de
bien,
la ioye nous en redondera: & au contraire,
la tristesse, mais si ce
sont nos ennemis, faut
mer
Si quelcun songe qu’il sort du ventre d’une
femme, comme pour naitre au
monde, il faut
iuger en telle sorte: Ce Songe est bon à celui qui
est póure, car il aura moyens ou amis qui le
riront,
qui requiere ouurer
des mains: car ce Songe lui pre
dit qu’il sera sans ouurer, comme les enfans
qui
ont les mains enuelopees. A celui qui est riche, ce
Songe
sinifie qu’il n’aura pas dominacion en sa
maison, ains que d’autres
domineront sur lui con
tre
sa volonté: car les enfans sont gouuernez par
autrui. A celui qui ha sa
femme non enceinte, c’et
sinifiance qu’il perdra sa femme: Car les
enfans
ne sont pas mariez, & ne hantent femmes. Mais
à celui
qui ha sa femme enceinte, c’et qu’il aura
vn Fils qui lui sera du tout
semblable: Et en cette
sorte lui semblera qu’il soit pour la seconde
fois
né. Aus champions & combatans, ce Songe est
mauuais: Car
les enfans ne cheminent, ne
rent,
en lointeine region, c’et
qu’il retournera chez
lui: à fin qu’il retourne à son
commencement.
A celui qui est malade, c’et mort: atendu que les
morts sont enuelopez de linges & drapeaus com
me les enfans, & mis à terre.
Si quelcun estant póure, songe qu’il soit gros
d’enfant, il deuiendra
riche, & amassera argent à
grans tas. S’il est riche, il sera en
peine & souci.
Qui ha femme, la perdra, n’ayant plus besoin
que
elle lui fasse d’enfans. Qui n’en ha point, en aura
vne bien
douce. Aus autres, sinifie maladie. Mais
estre gros, & puis
enfanter, c’et pis: & veut dire
que le malade mourra bien tot. Mais à celui qui
est póure
& endetté, serf, en peine & misere, c’et
fin & descharge de
tous ses maus presens. Aussi
ce Songe reuele les secrets. Ce Songe est
re
sont en autorité: car ce qu’il auoiẽt auparauant,
ils le perdront, mais aus Marchans &
niers,
bon: A plusieurs est
auenu apres ce Songe, perte
de parens.
Songer de voir, ou auoir enfans propres, non
d’autrui, est mauuais à
l’homme & à la femme:
car c’et souci & tristesse des choses
necessaires,
sans lesquelles on ne peut nourrir les enfans:
mais
les Masles aportent bonne issue: les Filles
aportent vne fin pire que
le commencement: car
elles sont mariees auec douaire. I’ay connu
me
emprunta argent à vsure. Et au contraire i’ay con
nu vn autre qui songea qu’il
enterroit sa fille
trespassee, & lui auint qu’il fut contreint
payer
la dette dont il estoit obligé. Ainsi donc la fille
ha
conuenance auec la dette: mais voir des
fans
& de bonne grace: Car
sinifie aprocher bon
tems.
Si quelcun se voit enuelopé de drapeaus à la
façon des petis enfans,
& succer la mamelle d’une
femme qu’il connoisse: c’et longue
maladie, s’il
n’a sa femme enceinte: car adonq il lui naitre vn
Fils qui lui resemblera. Et si sa femme fait se
ge,
en prison
fait ce songe, le diable lui suscite
cor
Et n’est pas hors raison
de iuger le semblable en
la maladie: mais se voir par songe auoir du
lait
en ses mamelles: à la ieune femme, c’est qu’elle
conceura,
& viendra son fruit à perfeccion, à la
vieille estant póure,
sinifie richesse: estant riche,
despense & largesse. A la fille, ce
sont les noces
qui aprochent: car sans estre acouplee auec
me
petite pucelette, & loin du tems d’espouser, ce
lui
sinifie mort: car toutes choses auenantes
tre
ptees.
gent,
autres. Dauantage
i’ay connu par experience que
ce songe predit à celui qui n’est point
marié,
riage:
aura. Mais au Champion, & Artisan, & à tous
ceus qui de leur estat trauaillent & meuuent le
corps,
sinifie maladie: car les corps efeminez ont
du lait, mesmemẽt i’ay
connu que quelcun ayant
femme & enfans, à qui estoit auenu ce
Songe,
perdit sa femme par mort: & puis apres lui
me
Pere ensemble & de Mere.
Songer auoir grand’ teste, est bon à l’homme
riche qui n’a point encor’
eu grand estat ny
nité:
à l’Vsurier, au Changeur, & à celui qui
recueille
l’argent pour le viure: Car au premier ce Songe
predit
principauté ou dinité, en laquelle faudra
qu’il porte Couronne, Sceptre
ou Diademe: Au
second, grandes richesses & possessions: au
Cham
pion, victoire:
au Changeur & Vsurier, amas de
grandes sommes d’argẽt. Mais au
riche qui est ia
en dinité, & au Retoricien, & au Iuge du
ple,
par le peuple: & à celui qui est malade, c’est
leur
nes,
eslu vie tranquille, peines & facheries. Mais
auoir
la teste plus petite que la proportion naturelle,
sinifie
choses cõtraires selon la raison que la
cacion
portant diference pour la diferent qualité
des
personnes.
Auoir les cheueus grans & beaus, & y prẽdre
gloire, est bon:
principalement à la femme, aussi à
l’homme sage, au Sacrificateur, au
Vaticinateur,
au Roy & Prince: Car à ceus qui ont de
me
bon, atendu que leur profession leur permet
tretenir
mais non pas tant, car il leur sinifie seulement
chesse
&
de la peine à produire longs cheueus.
Les cheueus longs, mais sans ordre, si qu’ils
semblent mieus estre comme
poils de barbe rude
& ápre que perruque, sinifient à toutes
nes
vn notable personnage constitué en autorité,
&
aussi heureus en ses autres afaires, qui par songe
s’estoit
vù en la ville aller deuant ceus dont il
estoit gouuerneur, &
pensoit auoir ses cheueus
tous secs, rudes & mal en ordre. Ie lui
ay
tré
peu
de iours apres il ha esté demis de son ofice &
autorité, ce ꝗ lui estoit dõmageable & misérable.
Songer auoir poil de Porc, sont grans perils
violens & totalement
tels que sont ceus ausquels
la beste est sugette, c’etasauoir le Porc.
Auoir
poil de cheual, sont seruitudes & miseres.
Auoir de la laine au lieu de cheueus, predit
longues maladies, &
phtisie, & gratelle, si q̃
uent
qu’elle lui soit naturelle. Si les cheueus semblent
estre
muez en quelque autre matiere, faudra sem
bablement faire cõiecture, c’etadire selon la
tiere
à l’entour de la face, c’et honte procheine, &
peschement
tie de derriere
la teste en telle sorte, c’et poureté
& infortune en la vieillesse.
Si aucun ha la dextre
partie de la teste chauue & nue, il perdra
tous ses
parens masles, & s’il n’en a point, il aura
mage.
est sans poil, c’est perte de cousines & aliees: car la
teste sinifie les Parens: la part dextre, les Masles:
la senestre, les
Femelles: & ainsi par tout le corps.
Auoir tout le derriere de la
teste nu, est bon à
lui
qui est reserré & detenu par force:
car il pourra
fuir & euiter, atendu qu’on ne le saura
comment
prendre par derriere en fuiant.
Se voir raser tout le chef, est bon aus badins
qui ont de coutume de
faire rire, & à ceus qui
communément sont rasez: à tous autres il
est
mauuais: car il sinifie autant que nudité &
ueté,
procheins. Aus nauigans, c’est euident naufrage:
aus malade
grand peril, non pas mort toutefois:
car ceus qui sont sortiz de
naufrage, & de grand
maladie se rasent, mais non pas les morts.
Estre
tondu par le Barbier, est bon à tous generalemẽt:
car certes
nul en quelques cas dãgereus ne se tõd,
mais ceus qui ayment
l’honnesteté & braueté, &
qui sont sans tristesse &
indigence. I’ay dit par les
mains du Barbier, car si quelcun se tond
me,
grans maus. Ausurplus estre graté auec les
gles,
tres
Le front sain & charnu est bon à tous, &
fie
ger
Gabeliers, Tauerniers & à tous qui viuent auec
impudence, sans honte & vergongne, est bon, &
à eus
seulement: aux autres engendre hayne.
Auoir plusieurs oreilles, est bon à celui qui
veut auoir quelcun
obeïssant, comme femme,
fant,
bien, si les oreilles sont belles &
bien formees: en
mal, si les oreilles sont laides & difformes. Ce
ge
soit demandeur ou defendeur: mais il est bon à
vn
Artisan & ouurier qui trauaille des mains: car
il en orra plusieurs
qui le demanderont pour
songner.
chacune chose susidte. Curer ses
oreilles, c’et
bonne nouuelle qui nous viendra de quelque
part. Et
au contraire les oreilles batues & frapees
predisent mauuaises
nouuelles.
Songer que les Formis entrent dens les
les,
Precepteurs: car les
Formis sont semblabes aus
enfans qui vont ouir les Sofistes. Aus autres
ce
Songe sinifie la mort: car elles sont filles de la
terre, &
entrent dens la terre. I’en ay connu
cun
tiz
ses mains: Et il se ouit apeler heritier d’un
sien
frere absent, à cause des espiz, heritier: & de son
frere, à cause des oreilles, qui sont comme freres
ou seurs. Songer
auoir oreilles d’Asnes, est bon
seulement aus Filosofes: car vn Asne ne
meut pas
bien tot ny facilement les oreilles: aus autres,
c’est
seruitude & misere. Auoir oreilles de Lyon,
de Loup, ou de quelque
autre beste cruelle, c’est
espiement & fraude par enuie. Ausurplus,
songer
d’auoir les yeus aux oreilles, sinifie aueuglement.
Les Sourcils veluz, & de bonne grace, sont
bons à tous, mesmement
aus femmes: mais les
Sourcils nuz & sans poil, sinifient
mauuaise
issue des afaires, & dueil, & douleur.
Auoir la vuë bien ague, est bon generalement
à tous: Mais auoir la vuë
trouble, sinifie faute
d’argent, & empeschement d’afaires: A celui
qui
ha enfans, c’et qu’ils serõt malades. Estre aueugle
du tout,
c’et perte d’enfans, de Frere, de Pere &
mere: toutefois ce Sõge
est bon à celui seroit
en prison, & à celui qui est grandement
póure.
Car le premier ne verra plus autour de soy les
maus: Le
second, aura qui luy aydera, & fera
sir,
à vn aueugle: mais ce Songe empesche de faire
longs
voyages: Et predit à celui qui est en païs
estranger qu’il ne
retournera chez lui: car celui
qui ha perdu la vuë ne pourroit voir ny
païs
estrãge, ny sa maison. Aussi est mauuais ce Songe
à l’hõme de
guerre, & à tout Courtisan: car leurs
afaires n’auront point bonne
issue. Aussi est con
traire
aus Nautõniers, & à ceus qui contemplent
les estoiles, & aus
Vaticinateurs. Et si aucun
querant chose perdue voit ce Songe, iamais
ne la
retrouuera. Aus Poëtes ce Songe est bon: car ils
ont besoin
de grand repos quãd ils veulent
poser
ious
œil, les choses predites &
sinifiees lui auiendront
en partie, & comme à demi. Dauantage faut
siderer
Pere: Et le senestre, la Fille, la Seur, & la
Mere.
Auoir trois ou quatre yeus à celui qui ha
ré
fans,
à l’Vsurier, car il aura grãdes sommes de deniers:
mais à
celui qi doit, est mauuais. Au riche,
monneste
ses posessions,
pour raison de quelques fraudes
& menees secrettes. A l’homme
trompeur, & à la
femme belle, auoir plusieurs yeus n’est pas
bon:
car cetui là aura plusieurs yeus qui le surpren
dront: cette cy aura plusieurs paillars qui
ront
songe auoir ses yeus aus piez, ou aus mains, il
perdra la
vuë: si en autre partie du corps, cette
partie là sera malade, batue ou
afolee. I’ay connu
homme qui songea que ses yeus lui estoient
bez
maria ses Filles auec ses seruiteurs. Auoir les yeus
d’autrui, sinifie perdre la vuë: Mais si lon connoit
celui de qui lon
ha les yeus, on aura son enfant,
ou quelque grand bien de lui.
Auoir le nez beau & grand est bon à tous: car
il sinifie futilité de
sens, & prouidence aus
res,
n’auoir point de nez, sinifie
le contraire. Et au
malade, la mort: car les testes des morts
n’ont
point de nez. Auoir deus nez, c’et discord auec
les
domestiques plus aparens.
Auoir les Iouës refaites & pleines, est bon à
tous, mesmement aus
femmes: mais plates, &
pleines de furoncles, c’est tristesse.
Les Machoires font referees aus Caues, Bou
tiques, & autres choses propres à garder
chandises
à ceus
qui nous baisent ou embrassent, & qui
sont souuent autour de nous,
comme la femme,
les enfans, les parens & aliez. Parainsi si l’un
ou
l’autre nous semble auoir quelque mal ou
mité,
en bon
estat.
Auoir la Barbe longue & espesse, & rude, est
bonà celui qui est
curieus de bien parler, comme
seroit vn Ambassadeur, Orateur, Auocat:
& aussi
au Filosofe: & à celui qui veut entreprẽdre
ques
be,
nin:
sera separee de lui, & gouuernera sa maison
elle
seule, comme si elle estoit homme & femme tout
ensemble,
sinon qu’elle fust enceinte, ou cõuenue
en iustice: Car cette là fera
vn filz: Cette cy
mourra
neur,
fant
en adolescence & commence à porter barbe,
c’et
qu’il paruiendra de soymesme, & se mettra en
en auãt, de
quelque qualité qu’il soit. La barbe
bant,
trui, outre ce, que sinifie perte de parẽs,
c’est aussi
dommage, & deshonneur.
Les Dents de dessus, sinifient les plus aparens
de la maison: celles de
dessous, les inferieurs. Car
il faut estimer que la bouche represente
la
so:
les hõmes: les autres, les femmes. Ou autrement,
les
dextres, les plus vieus: les senestres, les plus
ieunes. Les dents de
l’œil, ceus de moyen aage:
les grosses dents, les vieus. Quelconque
dont don
ques que l’homme
songera perdre, il perdra tel
personnage que la dent sinifiroit. Mais
quand
aussi les dents sinifiẽt perte de biens, par les
ses
tres,
tance.
qui leur tomberont, sinifient qu’ils
s’aquiteront.
Les dents tõbans tout en vn coup, sinifient que
la
maison sera deserte & delaissee de tous les habi
tans. A ceus qui sont malades,
songer que
que
die,
dre
de maladie. Au serf, n’auoir nulle dents, c’et
berté:
leurs marchãdises, charges & trafiques. Les dents
qui semblent croitre de sorte que l’vne surpasse
l’autre,
c’et sedicion en la maison, ou si elles
blent
qui ont les dents noires,
pourries, rompues, &
songent les perdre, seront deliurez de leurs
maus
& facheries. Aussi par ce songe aucuns ont
du
à
tous. Auoir les dents d’or, est bon à ceus qui
s’estudient de bien
parler: aus autres c’et
mage
d’abondance de colere. Auoir les dents de
cire
c’et mort subite: de plomb ou d’estain, c’et
gongne
mort
violente: d’argent, c’et aquerir argent par
eloquence & beau
parler. Aus riches, c’et grans
despens en viures & prouisions.
Songer perdre
ses dents & en recouurer d’autres, c’et
ment
dents. Receuoir ses dents en sa main, ou en son
sein, c’et
perte d’enfans. Regeter ses dents de la
langue, c’et mettre fin à ses
peines & miseres par
son eloquence.
Vomir beaucoup de sang, & de bonne
leur,
abondance d’argent. Aussi
est bon à celui qui n’a
point d’enfant, & qui ha son parẽt en païs
ger:
parent de retour. Porter du sang n’est pas bon à
celui qui veut estre caché. Vomir sang corrompu,
c’et maladie à tous.
Geter vn petit de sang,
me
par experience. Vomir fleumes, soient
humeurs
coleriques ou melãcoliques, est bon à celui qui est
en
miseres & angoisses ou en maladie: car sinifie
cesser tous ses
maus. Vomir la viande, sinifie dom
mage. Vomir ses entrailles, c’et mort d’enfans
au
Pere & à la Mere, & ceus qui n’ont enfans, c’et
perte
de chose la plus chere qu’ils ayent entre
leurs biens: Au malade, c’et
mort.
Tout furoncle, maladie ou imperfeccion
tour
tous indiferẽment maladie.
Auoir deus ou trois
testes, est bon à celui qui est póure, car il
amassera
beaucoup de biens: Aussi aura femme, & enfans
de
bonne nature. Au riche, c’est auersité de par
ses aliez.
Songer estre decapité, soit par iustice, ou
trement,
& enfans: car
sinifie les perdre. Aucuns aussi par
ce Songe ont perdu femme, amis, metayer: &
quelque
autre ayant maison, la perdue. Et qui ha
toutes ces choses n’aura pas
toutes ces fortunes,
mais comme i’ay connu par experience, perdra
ce qui lui est plus necessaire, & qu’il aura le plus
cher. Ce Sõge
est bon à celui qui est accusé de
me,
aux Vsuriers, Patrons de
galeres, Marchans, & à
tous qui recueillent argẽt, sinifie perte de
somme
d’argent. Le Songe est bon à ceus qui doiuẽt.
lui
Qui ha proces d’heritage, gagnera sa cause: mais
en cause d’iniure
& d’argent, il perdra.
Auoir la teste renuersee de sorte qu’elle regar
de sur le derriere,
amonneste de ne pas partir du païs,
& n’entreprendre aucune
afaires, autrement
l’issue en seroit mauuaise. Ceus qui sont en
païs
estranger retourneront chez eus.
Penser auoir la teste d’un Lion, d’un Loup,
d’une Panthere, d’un
Elephant au lieu de la
ne,
que sa puissance, celui qui aura fait
ce Songe, en
viendra à chef & à honneur. Plusieurs desirans
ofices & dinitez y font paruenuz apres ce Sõge.
Songer auoir teste Chien, de Cheual, d’Asne,
ou
d’autre telle beste à quatre piez, c’est seruitude,
peine &
misere. Auoir teste d’Oiseau, c’et qu’on
ne demourra pas en son
païs.
Songer auoir sa teste en ses mains, est bon à
celui qui n’a femme ny
enfans, & à celui qui
sire
ha encor souci de pigner & parer
cette teste que
lon pense tenir entre ses mains, c’et sine que lon
disposera bien de ses afaires, & que lon aura fin
des maus &
auersitez. Autant sinifie si auec celle
teste que lon tient es main,
lon pense encor en
auoir vne autre naturelle.
Songer auoir des cornes de Beuf, ou d’autre
telle forte beste, sinifie
mort violente, le plus
souuent decollacion, laquelle aussi auient
aus
bestes qui portent Cornes.
Les espaules grasses, & charneuses, sont
nes
prison: Aus premiers
sinifient force &
rité:
uité.
faites, sinifient le contraire des choses susdites:
Et
souuent predisent la mort, ou maladie des
freres.
Auoir la poitrine saine est bon: L’auoir velue,
est bon & sine de
gain aus hommes: Aus
mes
aucun mal, sont bonnes: & si elles
aparoissent
plus grosses, toutefois auec moyen & grace,
fiet
sont malades, & comme pleines de furoncles, c’et
maladie
à venir. Mamelles tombans, c’et mort
d’enfans à celui qui songe: &
s’il n’en ha, c’et
póureté à lui. A la nourrice, c’et mort de
l’enfant
qu’elle nourrit. Auoir plusieurs mamelles, sinifie
comme
les voir plus grandes que de coutume:
A la femme, c’et qu’elle train de
paillardise.
Estre nauré en l’estomac par quelque familier,
c’et
mauuaise nouuelle aus vieillars: aus ieunes
gens soient hommes ou
femmes, c’et amour.
Les mains belles & fortes, c’est prosperité,
me
lié &
mis en prison, le Songe n’est point sans
doute. Outre ce que par cy
deuant nous auons
dit que la dextre sinifie le Fils, le Pere, l’Ami: la
senestre, la Femme, la Mere, la Seur, la
Seruante:
la dextre peut sinifier les biens que lon est apres
pour
aquerir: la senestre, les biens ia aquis. Si
donq lon songe l’une ou
l’autre estre perdue, lon
perdra aucune des choses qui sont sinifiees.
En
general toutes les deus mains sinifient art, sinet,
parole.
Perdre tous les doigts de la main, ou vne
partie, sinifie dommage &
perte de seruiteurs.
Aus Escriueins, Orateurs, & Auocats
sinifient
qu’ils seront sans gain, & oisifs: à ceus qui
uent,
Vsuriers, perte d’usures. I’ay connu homme qui
songea n’auoir
point de doigs, & icelui trouua
crediteur qui lui presta argent,
mesme sans
gacion.
fiele
deçuz ont pensé que c’estoit bon Songe,
fois
uoir
sifs
oisifs. Auoir du piol qui sorte des iointures, c’et
captiuité, mais s’il sort de la paume de la main,
c’et à tous oisiueté,
principalement aus
reurs
est bon à vn Artisan, & Maneuure:
car ce
ge
sieurs
gens de bien aussi est bon: car sinifie aquerir en
fans, seruiteurs, argent, comme i’ay connu par
experience:
Mais aus meschans, c’et captiuité,
& que lon getera les mains sus
eus.
Les Cótes & le Ventre inferieur, contenant
les boyaus iusques au
mẽbre, c’et force de corps,
abondance de biens & richesse: Si donq
elles sem
blent malades,
sinifient maladie au corps, &
ureté
à celui qui les ha, aus
autres, le païs.
Songe estre mort, & voir les partie
res
n’a enfans, l’autre
du bien: Mais au riche & à
celui qui veut estre secret, c’et honte
& surprise.
C’et mal à tous quand les entrailles sont
dees
& difamacion. Mais songer estre ouuert, & ne
voir
aucunes entrailles, sinifie maison deserte à
celui qui auroit songé,
perte d’enfans, & mort par
maladie. C’est bon seulemẽt à celui qui
est en
seres:
& souciz, certes il sera deliuré de tristesse.
Outre
ce qui est dit, faut estime q̃ le
cœur sinifie l’hom
me, & mari de la feme qui auroit songé: Et
la
femme de l’homme qui auroit songé:
ment
viures
& le soin: Le fiel, l’humeur colerique, ou
melancolique, l’argent,
& les femmes: La rate, les
voluptez, le ris, & la vaisselle. Le
vẽtre & boyaus
les enfans, & puis les Vsuriers: car ils crient
fort
pour auoir à repaitre: Les reins, les Freres &
Cousins.
Le membre sinifie le Pere, la Mere, les enfans
la
Femme, l’amie, les Freres & Cousins, la force
du corps, eloquence,
& science: car il est fertile &
abondant. En outre richesse
& possessions, pour
ce qu’il croit & diminue. Item conseil
& secret
car il est apelé honteus. Poureté & seruitude,
car
il est apelé necessaire. Aussi sinifie dinité, &
croissement
songe voir en son estat & lieu, sinifie permanence
des
choses presentes qui par lui sont sinifiees
croissant, croissance:
diminuant, diminucion
double, redoublement des choses presentes:
fors
de la femme & amie, car il les tollit: pour ce qu’un
homme ne peut vser de deus membres ensemble.
Les Aynes ne sinifient autremẽt que le mem
bre: les Cuisses pareillement, sinon que quand
elles
semblent humides, ne sinifient pas ioye aus
riches, ains despens en
plaisir & voluptez auec
pertes & dommages.
Les Genous fors & robustes, sinifiẽt voyages,
ou autre mouuemens
& operacions, & santé:
mais debiles & malades, le
contraire. Arbre ou
branche sortant du Genouil, sinifie tardité,
&
empeschement: au malade, mort. Souuent les
Genous, sont les
freres & familiers, aussi les
fans.
La souris, la iambe, les piez, & talons, ont
si
sieurs
Galeres: car ils commenderont à plusieurs
teurs,
aussi est bon à
l’homme póure: au riche, c’et mala
die. Plusieurs par ce Songe ont perdu la vuë,
&
les malfaiteurs ont esté prisonniers. Voir ses piez
en feu,
est mauuais à tous, & sinifie perte de
biens, d’enfans, de
seruiteurs: A ceus qui ont
trepris
vitement & comme ayans le feu aus
piez.
Le Doz, & tout le derriere, sinifie vieillesse
parainsi tel qu’on le
pensera auoir, & tout le
riere,
Estre fait de petit, grand, & de grand encor
plus grand, sans
exceder raison, est bon: car c’et
acroissement de besongne, & de
biens: mais estre
grand outre le commun vsage, sinifie mort. Aussi
est mauuais au vieillart d’estre transmué en ieune
homme, & au
ieune, en enfant: car ils changeront
en pire estat. Mais est bon au
contraire: car il
viendront
en meilleur estat. Songer estre femme
est bon à lhomme póure, &
sert: car le premier
aura ꝗ le nourrira cõme vne femme: l’autre aura
moins de peine: Mais au riche est mauuais,
me
car il lui tollit son ofice
& autorité, à cause que
les femmes gardent la maison. A ceus qui
ont
trauail de corps, c’et maladie: car les femmes sont
plus
debiles que les hommes. Si la femme songe
estre homme, & qu’elle ne
soit mariee, elle aura
mari, ou si elle n’a enfans, elle fera vn fils:
Et ains
sera aucunement
muee en nature d’homme. Si
elle ha mari, & fils, elle sera vesue. A la
seruante,
c’et plus grand’ seruitude: car elle soutiendra les
peines comme vn homme. Il est bon à la putein,
car elle cessera son meschant trein. En outre si
homme ou femme poure songent estre d'or, ils
seront riches: s'ils sont riches, ils aurõt des espies:
car l'or & l'argent ont beaucoup d'espies. Au
malade, sinifie mort, comme aussi estre d'erain,
fors au champion, & serf: car cetui là aura
re
de fer, sinifie miseres infinies : Mais estre de terre,
sinifie mort, fors à ceus qui viuent de terre,
me
cevoir
transmué en forme de beste, faudra iuger selon la
nature d'icelle. Et de ce, traitera le Second liure,
au propos de la chasse. I' y obserué qu'il est bon
à tous, songer estre beau, de bonne grace, & fort,
sans toutefois exceder le commun vsage : car
estre trop beau, trop braue & trop robuste, vaut
autant comme estre laid, lasche, & debile :
les
reus,
Quiconque en songeant fait ce qu’il ha apris
& exercé, & en
vient à bonne issue, c’et bon à
tous: car lon viendra à honneur de sa
besongne
entreprise: mais en songeant ne pouuoir venir à
bonne
issue, sinifie le contraire. Si aucun en son
geant fait ce qu’il n’a apris ny exercé, &
en vient
à bonne issue, c’et bon: mais s’il se trouue
ché
empeschement d’afaires iusques à estre moqué.
Exercer l’agriculture, soit labourer, semer, ou
planter, est bon à
celui qui quiert femme, & qui
n’a point d’enfans: car le champs
c’et la femme: la
semence & les arbres, les enfans, le froment,
les
máles: l’orge, les femelles & abortifs. Aus autres
ce
Songe sinifie maladie & facherie: à celui qui
seroit malade en la
maison ou le Songe auroit
esté fait, sinifie mort: car les semences
& plantes
sont eterrees comme les morts. Moissonner,
vendanger, biner, tiercer en tems, sinifie que les
afaires &
operacions seront diferees iusques a
tems que lon ha de coutume de ce
faire.
ner
sans peril, encor’ que ce ne soit sans doute &
ne,
ou si le nauire est brisé & rõpu, c’et grand
dance
perience.
bien est bon, à cause des mesures qu’il faut
qu
soient iustes:
Aussi est bon à celui qui se veut
marier, ou prendre connoissances
& aliances à
cause des coutures serrees & iointes. Mais
dre
à cause de la mauuaise odeur. Voir des Mede
cins, est tresmauuais sur tout. Estre Orfeure,
fie
poisons & chainons que l’Orfeure manie. Estre
tailleur,
tournier, graueur d’images & figures, est
bon aus gens adulteres,
bauars, flateurs,
peurs
trent
sinifie honneur: car tels ouurages sont
montrez
à plusieurs.
Besongner en matiere de fer, & hanter
me,
tous autres
arts, tant de la qualité des arts
mes,
faut entendre que autant vaut voir des
ouuriers
ou artisans besongans, ou leurs boutiques &
outils,
que de se voir exercer l’art mesme:
fois
dent
ceus qui vnissent &
lient, c’est vtilité, noces,
ce,
& aplanissent, apaisent
les inimitiez: ceus qui
dressent
me
Aprendre les lettres est bon à l’ignorant, car il
lui auiendra quelque bien, toutefois auec
labeur
& creinte. Mais à celui ꝗ scet
les lettres, les
dre
d’aprendre: ainsi celà lui sinifie
empeschement
d’afaires, & mauuaise issue: seulement est bon à
celui qui desire auoir vn fils: car non pas lui, mais
son fils
aprendra. Si quelque Grec songe qu’il
aprend les lettres Rõmaines
(autremẽt Latines)
& au cõtraire quelque Rõmain les lettres
ques,
Rõmains par ce Songe ont eu femmes Grecques
& Grecs
femmes Rõmaines. Lire bien & à droit
les lettres barbares, &
des estrangers, sinifie que
lon ira en leur païs, & y aura lon
biens &
neurs:
malade entrera en folie & frenesie, à cause du
gage
on est en resuerie. Quelcõques lettres & en en
que
facherie et troublemẽt, pour peu de iours s’il y ha
peu d’escriture,
pour long tems s’il y en a ha prou.
Iouer à la toupie, c’et peine & trauail: don
toutefois en
viendra du bien. Iouer à la paume
sinifie longue noises & quereles,
& souuent a
mour enuers
les puteins: car l’esteuf est
blable
& vient entre mains de plusieurs.
Sonner la trompette, à ceus qui veulent
tailler
mais il reuele les
secrets, à cause du grand son: &
tue le malade: aus serfs, promet
liberté. Mais
ner
dre
enfler, sinifie troublement: faire ofice de
crie
publique, c’et autant que sonner la trompette.
Iouer du
chalumeau ou de la musette, est bon à
tous. Chanter & sonner de la
harpe aus oblaciõs
& sacrifices, est bon pour noces & aliances:
&
mauuais à autres afaires: à plusieurs sinifie
gre,
iouer tragedies, sinifie trauaus, bateries, inuires,
&
mille maus: mais iouer farce ioyeuses, c’et
ioyeuse issue d’afaires.
Ouir chantres, sinifie
cepcions.
est bon à tous: car le cheual, c’et la femme,
ou
l’amie, le nauire, le maitre & conducteur ou
uerneur,
me se trouue bien du cheual,
ainsi sera il de tout
cela. La charette sinifie autant que le cheual:
fors
que au malade sinifie mort, comme aussi le
riot
le
malade: car l’un gagnera le pris, l’autre
guerira:
mais cheuaucher hors la vile, tout le contraire.
Mener
& conduire chariots par bois & deserts,
c’et mort procheine à
tous.
Courir est bon, fors aus malades, quand ils
sent
sinifie qu’ils
viendront en brief au terme & fin
de vie.
Estre deposé & mis hors de son lieu, estat &
dinité, est mauuais
à tous, & tue le malade.
Luiter auec quelque parent, sinifie querelle
auec lui: entre ceus qui
ont ia querelle, celui qui
songe estre superieur, veincra: s’ils n’ont
debat
d’heritage: car en telle controuerse mieus vaut
estre abatu.
Luiter auec vn inconnu, c’et danger
de maladie. Si l’homme combat auec
vn enfant
& il le gette par terre, il perdra quelcun par mort
s’il est abatu il aura moquerie, & maladie. C’et
bon au ieune
enfant de luiter auec vn homme
car il fera de grandes choses plus que
lon ne
se:
Champion, ce Songe ne lui est pas bon. Luite
auec vn mort, sinifie maladie, ou debat &
ces
c’et bien tousiours le meilleur de penser estre
superieur.
Combatre auec quelcun est mauais à tous:
car outre la honte il y a
dommage: toutefois
est bon à ceus qui viuent de sang espandu,
me
Se lauer, & estuuer en bains & estuues belles,
des:
mun
& sinifie maladie & grand facherie. C’et
uais
uer,
fie
au riche s’il est seul & n’a personne qui
lui ayde.
En general est mauuais à tous ne pouuer suer,
& voir
le baing en lieu descouuert, ou n’y
uer
de coutume: car sinifie
mauuaise issue des
treprises
commune. Estre laué d’eaus chaudes
naturelles,
est sine de santé aus malades, d’empeschemens
d’afaires aus sains. C’et bon de soy lauer aus
teines,
beaus & clers, mais non pas nager: car seroit
sine
de danger, & de maladie.
Boire eau froide, est bon à tous: mais chaude,
sinifie maladie, &
empeschemens d’afaires. Boire
vin par raison & n’estre point yure,
est bon: mais
boire beaucoup & sans raison, sinifie beaucoup
de maus: aussi fait, estre en compagnie
gnes.
autre
que le naturel, est bon aus riches, à cause
de leur delicatesse: est
mauuais au póures, qui
n’en boiuent que par maladie. Boire saumure,
nifie
die.
puits, fonteine ou riuiere, est mauuais, & sine
de
ne parfaire ses afaires, mais le contraire est bon.
Dauantage
boire en vases ou hanaps d’or,
gent,
solide, & vsitee en
vases: & sinifie tranquilité.
Aussi les vases de corne sont bons:
car ils ne se
brisent point. Vases de verre sont mauuais, à
cause
qu’ils se rompent facilement & reuelent le
secret, à raison de la
transparence. En outre les
vases peuuent sinifier les amis que nous
sons,
fient la mort d’aucuns de nos amis ou aliez. I’ay
connu par
experience que songer voir rompre
vn verre, sinifie naufrage aus
nauigans. Il y ha
certeins vases à bouche estroite, lesquels si
lon
voit rompre, sinifient fin & issue de tribulacion
&
angoisse.
Tous herbages & racines qui ont forte odeur
en les mangeant,
reuelent les secrets, & sinifient
facheries auec les cohabitans. Ce
qui se racle
uant
perfluité
sont bonnes à ceus qui sont en dette. Herbes
&
racines qui ont teste, & qui sont de bon
rissement,
ceus
qui ont proces d’heritage: car on les
che
& veines. Chous
n’aportent profit, mesme aus
tauerniers & vignerons: car la vigne
ne se lie
mais
sinifient vaines esperances: car ils font grand
montre,
& y ha peu de substance: aus malades,
& pelerins, sinifient
danger par fer, comme
urures
mez,
en amitié & alliance: à autres afaires non. Man
ger auls & ongnons est mauuais: mais en
auoir,
est bon. Le malade qui songe qu’il mange
coup
ra.
mauuais, sinon les pois.
Manger pains acoutumez, est bon, comme
aus riches pain blanc: aux
póures, pain bis. Pain
blanc aus póures, sinifie maladie: Pain bis
au
riches, c’est empeschement de leurs entreprises.
Pains d’orge
sont bons à tous: farines, papet ou
bouillie, sinifient ce que le
pain.
Manger chair que lon auroit apareillee, et
bon, excepté mouton &
beuf: qui sinifient
mentacion,
bonne
nifie
crue, n’est pas bon: car sinifie
perte de quelque
chose notre. I’ay connu par experience que le
Songe est bon de manger chair de quelque
sonne
ou familiere, elle
mourra. Manger petis oiseaus
& oisons, est bon à tous. Manger chair
de
son
nemis. Manger poissons, mesme rotis, est bon,
sinon les
petis: car à cause q̃ ne sont que
arestes,
ils sinifient inimité enuers les familiers. Toutes
salures, soit chair ou poisson, sont retardement
d’afaires, ou
facherie, & maladie.
Les fouasses qui n’ont point de fromage, sont
bonnes: celles qui en ont,
sinifient dol, &
son.
garde, item des autres pilees &
mistionnes, ie
n’en parle pource qu’elles ne sont pas bonnes.
Pomme d’Esté, douces & meures, sont
nes:
Pomme ápres, ou autres,
sinifient noises &
dicions.
auelanes, sont troublemens &
facherie. Figues
en leur saison, sont bonnes, mesme les blanches:
hors saison, sont calonnies & detraccions.
sins
souuent sinifient du bien par femmes. Grenades
sinifient batures, à
cause de leur couleur. Pesches,
cerises, & autres tels fruits, fors
les meures,
fient
manger en saison: hors saison, trauail & labeur
en vein. Les meures sinifient comme les
des.
à celui qui le voit, mais qu’il n e soit renuersé &
desraciné: car il sinifiroit perte d’enfans. Poires
antees sont bonnes.
Poires sauuages sont
nes
Les pots sinifient la vie: les plats, l’estat &
accion de la vie,
còmme aussi le foyer. Or selon
que telles choses sont de basses &
petites faites
grandes & precieuses, ou au contraire, faut
mer
en bien, est bon: en mal, est mauuais: ainsi faut
estimer de tout autre mesnage. Le chandelier
presente
tre
aussi l’amour. Les
chenets ou andiers sinifient la
vie, comme le foyer, & l’estat
& conuersacion
entierement, & la femme: la table
ment.
suit,
& tout l’estat de vie. Vaisseaus à vin sont les
nistres
nent
neurs,
vaisseaus à garder froment, les
despensiers:
fres
Songer estre oint & fardé, est bon à toutes
femmes, sinon aus
meschantes: aus hommes est
mauuais, & sinifie vergongne, sinon à
ceus qui
ont de coutume d’en vser.
Songer danser chez soy à part, ou seulement
en preference des habitans
de la maison, est bon à
tous, mesme aussi voir sa femme, ses enfans,
ou
quelcũ de ses parens danser, est bon: car c’est grãde
abondance
de liesse, & de bien: mais à celui qui
est malade, & qui ha
quelque malade chez soy, est
mauuais. Aussi songer de danser ou voir
danser
quelque sien alié en presence de gens estranges
&
inconnuz, est mauuais à tous. Voir vn enfant
sauter & dãser, c’et
sine qu’il sera sourd & muet.
Au serf & au nauigant, le Songe
de danser est
mauuais: car le premier sera batu, l’autre en
ger
uité,
lieu haut, sinifie tomber en creinte & danger:
si
c’et vn malfaiteur, il sera pendu. Plaisanter, faire
rire,
& contrefaire les autres, sinifie deceuoir
cuns.
bon aus musiciens,
& à tous autres: mais chãter,
& sans acord, est sine
d’empeschemens d’afaires,
& de póureté. Chanter par le chemin est
bon,
mesme si lon va apres la charue: car sinifie viure
honnestement & ioyeusement: mais chanter aus
estuues est mauuais,
& sinfie perdre la voix.
si
captiuité de prison ou galeres. Chanter
au
ché
neur
Couronnes de fleurs en saison, sont
ment
uaises
hors saison, mauaises: les
blanches pires que les
bleuës. Couronnes de roses en saison, Sont
nes
chent:
seichent facilement: & ceus cy seront manifestez
& reuelez, à cause de l’odeur. Couronnes de
seuelous,
ont proces:
car ils ont vne couleur qui dure.
ronnes
Couronnes de cresson,
d’espergoute, de fleur
apelee la pacience, & de marioleine, sont
auises
die.
aus malades. Couronnes de palme ou d’oliuier
sinifient noces de fille de maison, & lignee. La
palme, fils: l’oliuier, fille. Lesdites couronnes
fient
bas estat qui les apete. Autant sinifie couronne
de
chesne, & de laurier, & à celle de myrte autant
que d’oliuier.
Couronnes de cire sont mauuaises
à tous, mesme aus malades. Couronnes
de laine
sinifient poisons & prisons. De sel, ou de
phre,
par gens puissans & d’autorité. Couronne d’or,
est
mauuaise au serf, s’il n’a le reste, i’entends la
be
mauuaise
à celui qui est póure: car c’et outre son
estat. Au malade sinfie mort
de brief: car l’or est
pále, & pesant, & froit, & d’autant
semblable à
la mort: & reuele les secretz: car celui qui porte
couronne d’or est bien regardé. Mais i’ay connu
par experience que
cette courõne presentee par
songe, aporte hõneur & profit aus
riches, &
sans,
gnons,
ronne,
Songer dormir ou sommeiller, sinifie
chemens
ceus qui sont en doute
& attente de quelques
peines: car ce Songe les deliure de peine
& souci,
mais songer se réueiller, sont accions &
cions.
sinifie santé: à celui qui est sain, maladie, ou grans
afaires. Dormir en la voye, & aus cemeteries, c’et
mort aus
malades: aus autres, empeschement.
Songer dire & ouir dire Adieu, n’est pas bon:
car ny ceus qui viennẽt vers nous, ny nous,
lans
pas ainsi, mais seulemẽt ceus qui se
parent:
fie
riages
mort de
lades.
traducteur, quand il adresse ses
la
beurs,
ie ne dy pas à gens qui ne
sont point ingrats seulement, mais
aussi qui n’ont point en leur esprit
opinion contraire de l’euure, voire si imprimee
en leur
cerueau, que ny la raison, ny l’experience
ne les puisse veincre. Et
pourtãt doit bien auiser
deus & trois fois vn auteur, à quelles gens,
& de
quel esprit, & aprehension il adresse son euure.
Ie dy
ceci, non que i’aye eu afaire à gens ingrats
ou mesprisans, mais que ie
creindrois d’y
ber:
assez legerement (comme il est tousiours plus
cile
prẽdre
que Songes sont mensonges, que
autres qui ont traité telles matieres, ce sont grãs
fols. Mais
pource que i’ay disputé au contraire,
& alegué certeins grans Auteurs
les plus estimez
en Filosofie, comme
te
Medecine, & Retorique, comme
lien
Historiografes les plus renommez, que i’ay
autre
part aleguez, & maintenant ie laisse pour cause
de brieueté,
ne les voulant repeter, ne disputer
comme faisant vne chose ia faite:
Seulement ie
diray que s’il n’y ust eu quelque fruit, science, &
erudicion vertueuse & profitable en ce liure,
temidore
mé
plusieurs autres liures & traitez, n’ust voulu
tant
suer, pener, & trauailler de corps & d’esprit
& tant ocuper son
tems & son sens apres cet
ure,
ne l’ussent tant gardé sur tous, &
apres tant
tres
mesme les Italiens n’ussent pris la peine de
mettre
& traduire en leur langue vulgaire. ce
i’ay voulu faire apres eus en la
notre. Et diray
cor’
soit, auec ses propos communs ne pourroit pa
oter facilemẽt de mon cerueau, ny de ma raison
ce que i'ay connu & entendu dudit euure, &
que
ie connois tous les iours par confirmacion
l’experiẽce, pour vne grande
partie: Ains le
lou
ray
& aprouueray dauãtage
pour raison de leur
froides raisons communes, contre la science
experience: car ie suis content
d’estre moqué,
estimé resueur ou songeur auec le gentil petit
propres freres, pour auoir exposé les Songes:
quelle
neur
Ce que i’espere que le mesme auiendra en partie
en moy,
& en autres trop plus sauans que moy,
& qui deuant moy ont à ce
trauaillé. Me faisant
bien seur & disant apres notre Auteur, que
nul
ne mettra la dent de detraccion sur lui, sinon
lui
peine &
patience d’atendre & connoitre l’ussue
& experience de sa science,
par grand trauail, par
maintes veilles, & par long tems, longs
voyages,
& longues disputacions aquise. Non pas
fois
ble:
meille,
uerbe
d’estre paruenu à escrire, & conclure ce que le
plus
souuent auient de chose si obscure, secrette,
inconnue, ou incerteine comme
sont estimez les
Songes. Or pource que ie say, & connois par la
beninité de ton esprit, que tu es totalement
traire
plaisir en telles choses, i’ay pensé de te faire
sent
second
liure d’
qui peus beaucoup enuers moy, & qui m’as
té
amateur d’icelles, que tu es) auec
maitre
Four
que ie
poursuiuisse cette traduccion, &
me,
duccion
petit present, de mesme visage que tu
m’as reçu
chez toy, comme tu ferois l’un de tes meilleurs
amis &
aliez. Et en le lisant & relisant auec
mẽt
plaisir & profit à
toy. Ce que i’espere, car ie ne say
pas quel plus grand plaisir &
profit lon voudroit
chercher, que de preuoir, premediter, &
preuenir
ses afaires, soit bien, soit mal, à fin d’y donner
dre:
les amis, du bien qu’il nous sinifie & demontre
au
miroer de notre Ame, qui est notre seul
grand
nir
roit
ou amoindrir par sa grace
& par notre humilité
en toute creinte & reuerence de sa puissance
&
maiesté: Ainsi que nous lisons au liure de
Pourquoy estriues tu contre Dieu, de ce qu’il
n’a
pas respondu à toutes tes paroles? Car Dieu
le
la chose: à sauoir par le
quand le somme chet sur les hommes, & qu’ils
dorment au lit,
il ouure alors l’oreille des
mes,
cas que nous auons Dieu, ou vne
partie de lui &
de sa diuinité en nous: ainsi que disent les
tes:
& des saintes escritures: & toutefois on en tient
si peu
de conte, que des amonicions, sinifiances,
ou menasses de cette partie de
Dieu en nous, on
les repute cõmunément à moquerie & derision:
Et
non seulement icelles, mais aussi ceus qui les
quierent disputer, esclarcir
& exposer à l’hõneur
du Createur, & profit de la creature, lon les
que
iure
à qui mieus comparer telles gens qu’aus Scribes
&
Farisiens, & au chien Esopique, qui abayoit &
empeschoit les beufs
ou cheuaus de manger le
foin qui ne lui estoit pas bon, & dont il ne
uoit
par Songe, si les Songes souuentefois n’auroient
esté
reuelacion diuine, si les Songes n’estoiẽt cho
se spirituelle, c’etadire operacion de l’esprit,
lon
pourroit parauenture auoir ocasion de les
mer,
Certes &
nonostant (pour le seur) plus me
iouira
qui se recreeront & profiteront en cette mienne
petite
traduccion, que ne me troublera le grand
nombre de ceus qui en
detracteront. Et tu dois
estre seur que deuant que iamais i’usse vù, lù,
ny
tenu le liure d’
mer
l’autorité desquels est la cause qui m’a fait enuie
de le voir, &
reuoir diligemment depuis quelque
ans en ça. Et l’ayant lù et relu, &
experimenté
pour vne grand’ partie, en moy & autre, m’est
nue
ce profit à ma nacion & aus notres, comme les
Latins &
Italiens aus leurs.
Ie suis trop long, & pource faisant fin ne te
ray
d’amirer que les choses
qui sont escrites cy dedens
y ha enuiron deus mille ans sont encor à
present
experimentees semblablement, & ont encor
iourdhui
quoy
apert que le labeur, & la diligence, &
science sont grãdes,
parfondes, & mer
ueillables
en ce traité, nõ moins
fructueus en experiences
& efets, qu’en
nes
turelles.
*
ligence
de l’art, & de la maniere
comment il faut iuger des Songes: &
des choses dont ie parleray en
l’un &
l’autre liure, & de toutes choses communes à
l’hom
me &
usageres. Ayant tousiours égard que sans
grand neceßité ie
n’emprunterois rien des
ciens:
propos, sinon qu’il y ust telle
chose qui ust eté bien
traitee & doctement par les Anciens, au
moyen
dequoy n’estoit besoin que i’en traitasse: à fin qu’en
leur
voulant contredire, ie ne fusse contreint
de mentir: ou en disant comme
eus, ie
semblasse vouloir empescher leurs
euures & labeurs de
nir
sance.
*
le en la chambre, sinifie
aus ri
ches, grans afaires: aus póures,
& à ceus qui veulent vser de
quelques surprises & falaces,
est bon: car les premiers
ne
ront
sans
chef de leur entreprise.
Songer partir le matin hors la maison, &
stre
fie
partir,
dement
chement
Saluer ses familiers, leur parler &
les acoler, est
bon: car sinifie dire & ouir bon propos, mais
s’ils ne sont bien familiers, ains simplement &
seulement connuz, le Songe n’est pas tant bon:
s’ils sont ennemis,
sinifie entrer en amitié. Baiser
les morts à celui qui est malade,
sinifie mort: à
lui
res
che
ami ioyeus & priué,
cela n’empesche point ny le
parler ny l’entreprendre.
Les habits acoutumez & conuenables à la
saison, sont bons: comme
en Esté habit de
le,
A celui seul qui ha proces,
& qui est serf desirant
liberté, songer auoir robes neuues est
mauuais,
pource qu’il faut long tems à les vser, &
resistent
dauantage. Habit blanc est bon seulement aus
Sacrificateurs, aus autres sinifie troublemens:
aus gens
mecaniques, c’et qu’ils n’auront point de
besongne, & reuele
les malfaiteurs. Au
de
ay vù plusieurs, póures, serfs,
captifs, qui ayans
songé estre vétuz de noir, mouroient. Ledit
bit
lent
ses
plaisanteurs, farseurs, est bon: aus autres sinifie
troublemens, & perils, & reuelement
de secrets:
aus malades c’et qu’ils seront tourentez de
tes
serfs & riches, est bonne, sinifiant liberté,
&
honneur ou dinité Elle tue le malade, &
te
sinifité captiuité: car il faut que l’homme vétu
de
pourpre ou escarlate ait aussi diademe,
ne,
toute telle robe teinte en escarlate, aus vns c’et
blessure, aus
autres fieure. Robe de femme est
bonne seulement à ceus qui n’ont
point de
me,
Les autres apres ce Songe perdent leurs
femmes,
ou tombent en grande maladie, pour la
tesse
bits.
blees,
leurs
& nacion estrange, c’et
bien prosperer entre les
estrangers, à celui qui delibere y aller
ou
rer,
die
cate
car à ceus là durera
la prosperité presente: à ceus
cy les biens acroitrõt. Robes
rompues &
rees,
Saye, hoqueton, ou paletot, ou
chemise de drap,
c’et facherie, & perte de proces: & pourtant
est
meilleur songer les perdre, que de les auoir: mais
la
perte de nul autre habit n’est bonne fors aus
póures, aus serfs,
aus captifs, & endettez: car ces
habits perdus, c’et perte de
maus qui le corps
uironnent:
& nudité: car sinifiroit aussi perte
des choses
duisantes & plaisantes. Belles robes, braue, &
de
diuerse couleur, est bon songe à la femme, mesme
riche,
& de ioye: car celle là se tient braue pour
son plaisir, cette
cy pour son profit. C’et
iours
ches,
qui exercent
mestiers ords & sales.
Songer de lauer ses robes, ou celles d’autrui,
c’et efacer &
perdre ou eschaper quelque
ge
les robes lauees
regettent leurs ordures. Ce
ge
tre
corriger: &
pourtant est mauuais Songe à ceus
qui sont en doute d’estre repris
& surpris.
Anneaus de fer par dehors, sinifient biens,
mais auec labeurs: Aussi
anneaus d’or qui ont
pierres sont bons: car ceus qui n’ont
pierre, c’et
entreprise sans profit: mais tousiours sont
leurs
& cauez, qui sinifient dol & tromperie, &
plus
grand espoir que profit. Anneaus d’ambre &
uoir,
Carquans, cheines, perles, & pierres precieuse
&
toutes parures de teste, & de col de femmes, sont
bonnes aus femmes: car aus vesues & pucelles
nifient
qu’elles en auront: & à celles qui ont maris &
fans,
mes sont
parees de ces parures, ainsi seront
uuës
hommes ce Songe
sinifie dol & decepcion, &
brouillerie en cas d’argent, non
pas à cause de
la matiere, mais de la figure & facon: car
songer
auoir de l’or, n’est pas mauuais à cause de la
tiere,
contraire est bon, comme i’ay connu par
rience:
auoir trop & par exces, & mal consonant à cause
de la façon
& figure: comme aus hommes
res,
aus póures
couronne d’or, & vaisselle, & grandes
pieces d’or: car
quand quelcun aura fait tel
ge
re,
rures se perdent, rompent, ou debrisent, c’et
perte à
la femme. Perte d’anneaus à l’hõme,
fie
donné charge de ses
biens, comme la femme & le
Metayer, mais aussi de ses biens,
terres &
sions:
ausquels il ha presté, &
donné charge. A plusieurs
ce Songe ha predit perte des yeus: car les
yeus
ont quelque conuenance aus anneaus à cause
des pierres:
mais quand est de la chaussure, faut
iuger comme de l’habit.
Songer de se pigner, est bon à l’homme & à la
femme: car sinifie
sortir hors de mauuais tems &
d’afaires: mais plier &
retordre ses cheueus, est
bon seulemẽt aus femmes, & aus hõmes
qui l’ont
de coutume. Aus autres sont dettes &
mens
cions.
Estre deuant le miroer, & se voir sa
me,
rier:
& à
la femme l’homme: est bon aussi aus gens
afligez & tristes, car
sinifie tot passer la
stesse,
mais ce Songe aus malades, c’et
mort. Les autres
par ce Songe sont alez en estrange païs. Ne
se
voir dens le miroer tel qu’on est, sinifie estre
lé
voir plus laid & diforme, c’est tristesse &
facherie:
Comme aussi songer se voir & mirer en l’eau,
c’et
mort au songeur, ou à quelque sien familier.
L’Air cler & pur est bon à tous, mesme à ceus
qui quierent
choses perdues, & qui veulent faire
voyages. L’air trouble
& nubileus, au contraire
sinifie empeschemens & facheries.
La pluie sans
grand vent ny tempeste, est bonne à tous: sinon
à
ceus qui vont en estrange païs, & qui sont leur
estat
& ouurage en apert & à descouuert.
tes
reurs,
tempestatiues, sont troublemens, dommages &
dangers, sinon à ceus qui sont serfs, póures &
gez:
sens.
tempeste vient le beau tems. Neige & glace vuës
en tems, ne sinifient rien: car l’esprit, encor’ quãd
le corps
dort, se souuient du froit du iour: mais
hors tems & saisn,
c’et bon Songe aus
reurs,
feront froidement, & defend
voyager. Gresles,
sont troublemẽs & tristesses, & reuele
les secrets.
Le tonnerre sans l’escler, c’et aus serfs
ment,
creinte vaine, & sans cause. Voir le feu au
Ciel,
net, pur, & cler, non pas grãd ny espois, sont
naces
feu & espois, c’et aproche & course d’ennemis,
póureté, & famine. Et en quelque lieu que soit le
feu, & de
quelque lieu qu’il vienne soit de la bise,
ou de Midi, d’Orient ou
d’Occident, de ce coté
viendront, & enuiron ces regions
courront les
ennemis, ou y fera famine: mais encor’ c’et le
pis
songer que lon porte le feu. Voir torches &
flam
beaus
ardans tomber du Ciel, & buches, &
lonnes,
& extreme
danger de la vie à celui qui songe.
L’escler sans tempeste tombant
pres, sans
cher
uant
frapé de la foudre ou escler, est bon à
ceus qui ne
veulent leur peché & póureté estre celee, aus
tres
dans
ne
d’or, est bon: car le feu resemble à l’or: aus
tres
ceus
qui sont à marier, sinifie mariage, soient
ches
amis rend
ennemis: car la foudre brise, & ne vnit
pas. Ceus qui ont
enfans, rend sans enfans: car les
arbres foudroyez seichent & perdent
fruit &
fleur & germe. La foudre rend les champions
honorez, & les Orateurs, & tous ceus qui se
lent
ceus qui ont proces en cas d’honneur & de
mee:
sons:
sinifie n’en perdre point la iouissance: mais à
ceus
qui pretendent y entrer, c’et qu’ils ny entreront
pas.
Aussi sinifie à celui ꝗ est en païs
estrãge qu’il
y demourra. Faut entendre que tout reuient en
vn
de songer estre seulemẽt ateint, soit à la teste
soit à l’estomac,
ou estre bruslé de la foudre: mais
que lon ne songe estre du tout
brulé & confiné:
car c’et mort à celui qui songe. Aussi faut
sauoir
qu’il n’est pas bon d’estre ateint de foudre estant
abouché à terre, ou gisant à la renuerse, ny estant
en nauire: ains
seulement estant debout & droit
sur piez, ou assis en siege
Royal & magnifique.
Voir du feu au foyer, cler & petit, est bon:
mais beaucoup, est
mauuais: petit & cler, c’et
bondance
s’ily ha aucun malade en la
maison, c’et sa mort.
Tenir torches & flambeaus de nuit, est
bon,
mes
amours à plaisirs, & operacions en leur art &
estat. Mais voir autrui tenãt vne torche, est
uais
dente
de biens: aus non mariez, mariage: aus malades,
santé: Mais lumiere obscure & trouble, c’et
stesse,
conualescence: car tot apres lon l’alumera.
pe
maus, selon la disposicion de sa lumiere. Lampe
de terre
les sinifie moindres: mais l’une & l’autre
reuele les secretz.
Lampe vuë en nauire, c’est grãd’
tranquilité.
Les maisons ardentes de feu cler, sans tomber
ny diminuer, c’et
richesse aus póures: aus riches,
hauts estats & dinitez. Mais
les maisons qui
lent,
uaises
seruiteurs, parens ou amis:
semblablemẽt les
bres
de la maison ardante, c’et mort de la
femme, &
danger à celui qui songe. Alumer facilemẽt le feu
au four ou au foyer, c’et generacion. Mais
steindre
Les filez & laz, & toutes telles choses, pour
tromper & surprendre les bestes, sont
mauuaises,
sinon à ceus qui quierent gens fugitifs, &
chose
perdue: car sinifient brief recouuremẽt: c’et bien
meilleur les tenir & auoir, que voir vn autre les
tenant:
d’autant que c’et meilleur facher que
stre
tous, &
sinifient accions & ouurages: Aus gens
acusez & plaidans en
iustice, sont mauuais: mais
retournans, tolissent creinte &
empeschent d’ou
urer. Les chiens mátins, gardes des maisons,
fient
d’autrui nous blandissans, sinifient dol &
pcion:
& souuent fiéures. Les petis chiens de plaisir,
sont
delices & passetems.
Les brebis sinifient auancement & paruenir
aus biens: pource est
tresbon songer d’en auoir
beaucoup, ou voir celles d’autrui, &
les paitres,
mesme à ceus qui veulent pretendre estat &
uernement
paruenuz, & aus Sofistes, Docteurs, & Maitres
d’escole. Le belier sinifie le maitre, ou le Prince
& Roy: Il
est bon de songer estre monté dessus
seurement, & par lieus
plains & faciles, mesme
aus Orateurs, Auocats, Procureurs, & à
tous
ceus qui ont enuie d’amasser or & argent. Les
chéures ne sinifient rien de bien: mais sont
res
obeïssans, sont bons en amitié & compagnie,
&
sinifient la femme, le cõpagnon l’ami, non
nez
obeïssans: & sont bons aussi en toutes afaires
&
entreprises. Mulets sont bons à toutes
cions,
traires
lets
sauuages, c’et decepcion par
quelques
ques
ladie,
labeur, sont bons à tous: mais en
troupe, c’et
troublement, diuulgacion, & peril. Le taureau
sinifie quelque grand personnage, mesme s’il
nasse
s’il blesse, dommage & naufrage par
nient
souuent experimenté, & est tousiours ainsi
nu.
lieres,
vn Lion dous & familier & blandissant,
sinifie
bien & vtilité par le Roy à l’homme de guerre,
par
la santé au luiteur & escrimeur, par le
strat
le
Lyon represente ces personnes pour sa force
& puissance: Mais
s’il est eschaufé, & veut nuire,
sinifie creinte, & maladie &
menasses de telles
personnes, & dãger de feu. Voir ou auoir le
front
de Lyon, est bon à tous: & le plus souuent, c’et
generacion d’enfant mále. La Lyõne sinifie
me
dres
I’ay connu aussi que par ce Songe d’une Lyonne
menassant ou mordant, les riches personnages
sont tombez en crimes
& acusacions. La
parde
cauteleus, à cause de la
diuersité de couleur, et gẽs
d’estrange nacion, maladie, creinte
tresgrande, &
mal des yeus. L’ourse sinifie la femme, la
maladie
& retour d’estrange païs. L’Elephant vù en
geant,
& connu que l’Elephant menassant, sinifie
die:
nu
qu’elle estoit montee sus vn
Elephant, & bien
tot apres elle mourut. Faut entendre que
toute
beste sauuage generalement, reprensente les
mis,
cre
mi
cruel venant pleinement contre nous. Le re
nart sinifie ce que le loup, &
l’ennemi venant
crettemẽt,
souuent decepcion par femme. Le
singe sinifie
l’homme malfaiteur, & trompeur. Le sanglier
sinifie pluie & tempeste à ceus qui voyagent: &
à ceus qui plaident, forte partie aduerse: aus
boureus
de
uernaus,
& le cours: & en chemin par terre, le
voyage facile ou
dificile selon la disposicion du
cerf: aus autres lieus, sinifie
gens fugitifs estre
trompeurs & faus pariures, mais creintifs
& mal
assurez. Lon pourra iuger de toute autre beste
lon
uiennent. Et
faut retenir que les bestes
ques
sinificatiues des maus:
& au contraire, les
les
ces & domestiques, sont sinificatiues
des biens:
mais encor sinifient tresgrans profits, si elles
blent
quelque chose de bon, & de ioyeus, & tout ce
qu’elles dient communément auient.
Le dragon sinifie le Roy, le Signeur &
strat,
or & argent. Quand on songe qu’il vient, &
ne
si au contraire, il est sinificatif de mal.
Dragon
plissé & entortille & faisant horreur, sinifie
grãd
danger, captiuité, & mort au malade. Le serpent
sinifie maladie & inimitié, & selon
qu’il se
stera,
nemi,
l’argent, & les riches femmes.
I’ay connu par
perience
pliees
me
songe que la femme
porte en son sein cachee,
auec plaisir & passetems, elle sera
corrompue
par l’ennemi de celui qui songe: mais si elle ha
creinte & tristesse de ladite beste, elle aura
ladie:
danger.
Les retz & tous autres instrumẽs de lin à pren
dre les poissons, sinifient
ce que les filez de
se,
le fil de soye, & poil de cheual,
& l’ameçon
fient
iours
les tenoit. Prendre beaucoup
de poissons
ble
fors à ceus qui exercent art
& mestier requerant
estre assis: car les premiers ne pourroient
pescher
et faire leur mestier: les autres auront disciples
& auditeurs ineptes, à cause que les poissons sont
muets. Prendre des petis poissons, c’et tristesse,
& non pas profit. Tout poisson de diuerse
leur,
gens sains. Poissons rous sinifient aus serfs &
malfaiteurs,
tourmens: aus malades, grosses
ures
secrets, reuelacion. Les
poissons qui ont escaille,
& que lon escorche, sont bons aus
malades,
ptifs
ils leur sinifiẽt abolicion & perte des
maus dont
ils seront enuironnez.
Les raines ou grenouilles, ce sont abuseurs &
bauars, mais les
voir par Songe est bon à ceus
qui viuent sur le commun. I’ay connu
homme
qui auoit songé qu’il frapoit de son poing, & des
neuz ou iointures des doigs dessus les
les,
surtous les autres de sa maison. Ainsi lon peut
estimer que
l’estang representoit la maison: les
grenouilles, les habitans: le
frapement de doigs,
le commandement.
Voir vn grand poisson en la Mer, n’est bon à
personne, fors le
Daufin, qui promet vent du
té
grand monstre, est bon: car ils ne peuuent
plus
nuire, ny sauuer eus mesmes. Et pource outre ce
que le
Songe sinifie que nos ennemis ne nous
pourront nuire, il dit
dauãtage que les meschans
seront punis: toutesfois le Daufin vù
hors la Mer,
n’est pas bon, sinifiant la mort de quelcun de
nos
bons amis.
Voir par Songe des cormorãs ou plongeons,
& autres semblables
oiseaus de Mer, c’et peril
aus nauigans, mais non pas mort: aus
autres,
nifient
beurs
res
perd quelque chose,
lon ne la recouurera point.
Les canars & autres oiseaux de
riuiere sinifient
le semblable.
Voir ou trouuer poissons morts en la Mer,
n’est pas bon: car sinifie
veines esperances: mais
c’et meilleur de les prendre ou acheter en
vie.
Aussi est bon en manger de tout apareillez, &
selon
l’apareil faudra iuger, comme de la chair.
Voir vn poisson en la
chambre, est mauuais au
nauigant & au malade. La femme enceinte
qui
songe faire vn poisson au lieu de l’enfant, selon
l’opinion des anciens elle fera vn enfant muet:
mais
comme i’ay connu sinifie plustot faire
fant
Les vergeons & la glus, c’et retour de ceus qui
sont lointeins,
recouurement de fugitifs & de
chose perdue: des retz &
filez à prendre oiseaus
faut estimer comme de ceus des bestes
rousses,
& des poissons.
Grans oiseaus sont meilleurs aus riches, que
aus póures: & les
petis & refaits, au contraire.
Voir vn aigle volant sus vne
pierre, ou vn arbre,
ou en haut lieu, est bon à ceus qui veulent
treprendre
te,
est loin: s’il vole tout beau, & à son aise
&
sir,
mais non pas si tot. L’aigle volant &
tombant
sur la teste de celui qui songe, lui sinifie mort.
Estre monté sus vn aigle, sinifie aus Rois,
ces,
mort: mais aus póures est bon: ar ils feront bien
venuz, &
reçuz de quelques gens riches, dont ils
tireront grand profit,
& le plus souuent en
geant
menassant, sinifie menasse de quelque
puissant
personnage: mais dous, & donnant quelque
se,
perience.
aigle, fera vn enfant qui paruiendra, selon sa
lité,
bon au serf, & à celui qui creint: car sinifie la
mort du maitre & du menasseur: aus autres, c’et
empeschement
d’afaires. Les vautours sont bons
aus potiers de terre, &
tanneurs, & teinturiers
en cuirs: mais aus medecins, &
malades, font mau
uais.
Aussi sinifient meschans garsons, &
beurs
se.
larron. La corneille sinifie grand retardement
d’afaires, la femme vieille, & l’yuer. Estourneaus
sinifient
gens necessiteus, & troublement en
vein, ce que sinifie aussi
le geay. Les pigeons
nifient
lues:
mes
res:
liacion.
courir brigans & ennemis. En yuer, mauuais
tems
& tempeste: en esté seicheresse: mais vuës
solitaires, & à
part, sont bonnes à voyage, & si
nifient le retour de celui qui seroit lointein: sont
bonnes aussi en cas de noces et de generacion,
mesme la Cicongne,
pour le suport et
re
me musicien et la musique, et reuele le
secret, à
cause de sa couleur: aus malades vù, sinifie santé:
mais s’il chante, mort: car il ne chante qu’il ne
soit pres de
mourir.
Mouches à miel sont bonnes aus laboureurs,
et à ceus qui tient
profit: aus autres sinifient
troublement, à cause du bruit qu’elles
meinent:
et naureures, à cause de l’aguillon: et maladie, à
cause du miel, et de la cire. Voletans sur la teste,
sont bonnes à
celui qui doit estre Chef et
teine,
de par le peuple, ou les
soudars: enclorre lesdites
mouches, et aussi les tuer, est bon à
tous, fors aus
païsans et laboureurs.
songer bien nauiguer, est bon à tous: mais
estre en tempestre, sur
Fleuue, ou sur Mer, est mau
uais, et sinifie tritesse et peril. Faire
naufrage,
le nauire estant renuersé ou rompu, est
gereus
par force: car leur sinifie relasche et liberté. C’et
tousiours meilleur de nauiguer en grand
nauire,
et qui ha bonne charge. Aussi est meilleur songer
de
nauiguer par Mer que par terre. Vouloir
uiguer
res.
aise, est bon à tous, et sinifie voyager ou retour de
voyage, ou
mesagers et nouuelles de Mer.
res
et afaires tardifs:
mais arriuant à port, le
traire:
amis, et bienfaiteurs: les
rochers, ceus que nous
aymons par contrainte. Les ancres, seurté:
mais
empeschent voyagr. Les cordes qui retiennent
les nauires
à terre, sont dettes et detencions. Le
maz, sinifie le maitre de
maison, ou patron de
Galere. Voir quelque partie de nauire ardre
et
bruler, sinifie danger qu’elle ne se rompe de celle
part,
ou danger de celui qui par cette part de
uire
La charrue est bonne pour noces, generacion
et afaires: mais
requiert du tems. Le iou est bon
sinon aus serfs: car leur empesche
liberté:
tant
c’et dommage: car elle coupe tout, et sinifie
le
tems de six mois. La cie, c’et la femme, et le
fit
bois, le van & crible, c’et dommage, &
ment,
songe. Songer vendanger ou moissonner hors
tems,
c’et que les afaires seront retardees iusques
à ce tems qu’on ha de
coutume vendanger ou
moissonner. Gerbes de blé ou semblables
grains,
soit aussi empeschemens: car ce n’est pas viande
preste. Fosses en terre, seillons & cauernes, ou
sont semez
& contregardez les grains, sinifient
la femme, la vie, &
biens de celui qui auroit
gé.
finemens des heritages, sont mauuais: toutefois à
ceus qui sont en
creinte, sinifient feurté, ils
peschent
fient
Les chesnes sont les riches gens, & aussi les
vieillars.
L’oliuier c’et la femme, le combat,
cipauté,
bien flori,
portant fruit de saison, beau & meur.
Abatre les oliues est bon
à tous: fors aus serfs.
Cueillir les oliues en terre, ou marcher
dessus,
c’et peine & facherie. Le laurier, c’et la femme
riche & belle, c’est aussi mauuaise issue des
res,
Poëtes, & Deuins, se refere à leur art. Le cypres,
c’et
patience, & retardement. Pins & troncs de
fustes, se referẽt aus Patrons &
nauigans, à cause
qu’on en fait les nauires, & que lon en fait
aussi
la poix rasine. Aus autres sinifie paresse &
te.
doiuent estimer comme leur fruit, dont auons
parlé
au premier liure sur le propos des viandes.
Platans ou plennes,
peupliers noirs, & ormes,
fresnes, & autres semblables,
sont bons seulemẽt
aus soudars & aus menusiers &
charpentiers:
Aus autres, c’est póureté: à cause que sont
arbres
sans bruit. Buys, & myrtes, sont femmes lasciues,
& sont bons à ceus qui veulent entreprendre
quelque afaire,
& aus malades: aus autres, c’et
peine & labeur.
Bouze de vache, & fiente de cheual, & toute
autre, fors
d’hõme, est bonne seulement au
reur:
si elle nous
degate, c’et maladie. On ha
menté
Voir la fiente d’homme en
abondance, c’et
dãce
uais:
maladie ou diuorse de femme, ou
d’amie: ou
gement
lascher le ventre en l’eglise, au
marché, aus
ues,
cretz: mais lascher le ventre bien à son aise, &
beaucoup, en vn retrait, & en vn pot à pisser, est
bon à tous:
car c’et sine d’alegeance, & descharge
de souci &
d’afaires. I’ay connu aussi q̃ c’et
bon
de se lascher aus riuages, aus chams, & chemins,
aus
fleuues, & estangs: & pareil que songer le
demanger.
Riuieres ayans leur eau clere & nette, coulant
doucement, sont
bonnes aus serfs & à ceus qui
ont proces, & à ceus qui
veulẽt voyager: car elles
sinifient & representent les maitres,
& Iuges, qui
font ce qu’ils veulent, & aussi les voyages, à
cause
qu’elles coulent tousiours: mais si la riuiere est
laide
& impetueuse, c’est le cõtraire: & c’et
ces
voyages. C’et encor’ pis, si la riuiere semble
porter
ou lui mesme aussi: & d’abondant si elle le
porte
iusques en Mer. C’est mauuais aussi d’estre
bout
tans
car à peine pourra lõ soufrir & suporter les
maus
q̃ lon aura, quelque grand
courage que lon ait.
Les torrẽs font Iuges rigoureus, maitres
facheus,
tourbes, assemblees & noises, à cause de la vio
lence & du bruit tresgrand: il est bon
de les
ser
estang, c’et tomber en grand inconuenient. C’et
tousiours meilleur de nager sans cesse iusques au
riuage, qu’estre
endormi en nageant. Riuiere
re
riche homme de qui ont tirera
profit: mais
ble
son,
sortant hors de la maison du
riche, c’et qu’il aura
autorité en la vile, & fera beaucoup de
largesse
& liberalitez: au póure, c’et doute de sa femme,
ou d’autres de la maison qui se gouuernent mal.
Voir autre eau que
de riuiere entrant en la
son,
& clere, c’et
aquisicion & possession, & argent:
pareillement voir en sa
terre ou maison vn puits
qui n’y estoit point auparauant: &
sinifie aussi
femme ou enfans à ceus qui n’en ont point Voir
vn puits plein d’eau en la maison, est bon, si elle
ne s’espanche
point pardessus, & que les
gers
femme, d’enfans, ou de
biens. L’estang grand c’et
comme la riuiere, sinon qu’il empesche
le
ger:
ioyeuse, aymãt ses plaisir. C’et tresbon nauiguer
en estang & riuiere, mais non pas nager.
teines,
bonnes à tous, mesme aus malades, & póures,
leur
annonçant santé & richesse: mais taries, c’et
le contraire.
Marets ou marescages, sont bons seulement aus Pasteurs: aus autres,
sont
empeschemens. Montagnes, vallees, bois, landes, sont
tristesses,
creintes, troublemens: playes aus serfs & malfai-
teurs: dommage aus
riches. C’et le meilleur tous- iours de les
trauerser & non y
demourer, ou som
larges, plains & fa- ciles, c’et
alegresse de santé, &
d’afaires: & au contraire.
Les lieus de plaids, Iuges, Auocats, Procu- reurs, sont troublemens,
facheries, despens, reuelacion de secretz. Si le malade songe ga-
gner
sa cause, il reuiendra en meilleur estat: autre- ment, s’il la
perd, il
mourra. Si celui qui ha pro- ces, songe estre assus au
siege de Iuge, il
ne perdra pas, ains plus tot son auersaire. Les
Medecins vuz par songe,
à celui qui auroit proces, sinifie le mes-
me que les Auocats &
Procureurs.
Songer estre Roy ou Empereur, au malade
c’et mort: car le Roy n’et
suget à personne, ny
aussi la mort: à celui qui est sain, c’et
perte, ou
paracion
de compagnon. Au malfaiteur, c’et surprise
&
descouurement de son fait: car le Roy est connu
&
enuirõné de sa garde. Autant sinifie le Sceptre,
Couronne &
habit ou ornement Royal. Le
ure
aura honneur sans profit: Le
serf sera en liberté:
c’et tresbon au Filosofe & Poëte ou
teur:
le bon esprit. Songer estre Capiteine,
à ceus qui
l’ont de coutume, est bon: aus póures, c’et
blement
fier,
profit: au malade, c’et mort: au serf,
c’et bon
uernement
Preuot, ou Escheuin de vle, auoir charge
& gou
uernement
d’enfans, ou de femmes, sont
des
sur les viures,
c’et bon aus Medecins, & à ceus
qui sont studieus du regime de
viure, & de santé:
aus autres c’et troublement &
difamacion. Faire
aumones & distribucions generales, au
malade,
c’et mort, & dissipacion de biens: aus saisn,
trou
blement & difamacions: aus gens bien póures
est
bon: & c’et bien & auancemẽt qui leur vient:
car sans biens
ne pourroient faire telles largesses.
Aussi est bon aus farseurs,
danseurs, & baleurs:
car ce leur sinifie honneur & louenge.
Quand on
fait ladite largesse & distribucion, songer que
lon en prent sa part, est bon: mais n’en prendre
ny receuoir, n’est
bon à aucun, & sinifie mort
euidemment: car les morts ne
reçoiuent plus.
Quelconque dinité qui requiert porter l’or, &
le
pourpre, c’et mort au malade, & difamacion aus
autres.
Estre fait Euesque est bon à tous, fors à
ceus qui veulent estre
secretz. Estre Chef de
son,
facherie, & souuent
dommage. Tout estat
tenant
lui sinifie mort: & au
contraire.
La guerre, & les afaires de guerre, sont
blemens
nes
guerre: car à tels c’et gain. Les armes qui
urent
clier,
que lon gette & brandit, comme la Pique, la
Lan
ce, le Tret,
& Dart, c’et ebat & sedicion: le Bra
quemart ou Espee, c’et courage, force,
& vertu.
Le bouclier, & heaume, aussi se referent à la
me,
la qualité des Harnois. Eslire Gẽdarmes,
ou
dars,
nement
Aus autres sont afaires & facheries,
changement
de lieu, & fuites ou voyages. Aus oisifs &
póures,
c’et besongne, & profit qui leur vient: car le
dart
neur,
& estime.
Duel, ou combat de seul à seul, sinifie noise
ou proces: Autant
sinifient les peines et droits
des combatans. Les armes de
celui
qui fuit, c’et
estre conuenu en iugemẽt: de celui
qui
poursuit,
c’et faire conuenir: quelquefois iay connu que
ce
Songe sinifie noces.
Le Soleil leuant, luisant, et cler, est bon à tous:
et tendant en
Occidẽt en tel estat: et sinifie gain,
operacion, generacion, et
liberté aus serfs mais à
ceus qui veulent estre secretz est
mauuais: car il
descelle et descouure tout: semblablement s’il
se
leue deuers Occident: et reluee le malade apres
auoir esté
bien bas, et que le mal des yeus n’a
auglera le pacient: & c’et le retour de celui qui
est lointein: aussi est bon à celui qui veut voyager
vers Occident:
aus autres, en tout afaire il est con
traire. Ainsi faut iuger s’il semble leuer du
Midi
ou Septentrion. Soleil obscur, ou seignant, ou
comme
murmurant d’ire & de chaleur, est
uais
& d’enfans.
Toutefois ha esté trouué bon à ceus
qui sont en doute, & qui
veulent estre secretz. Le
Soleil descendãt en terre ou en quelque
maison,
c’et sine de danger de feu. Entrant en la chambre,
& menassant, c’et grand’ maladie ou ardure: mais
s’il dit ou
demontre quelque bon sine, c’et
dance
ou absentant, est
mauuais à tous, fors à ceus qui
veulent estre secretz, le plus
souuent c’et perte de
vuë, & mort d’enfant. C’et tousiour le
meilleur
de voir les raiz du Soleil & clarté entrant en la
maison, que le Soleil mesme: car la clarté c’et
abondance de biens:
le Soleil, abondaonce de
maus que lon ne pourra soufrir, comme lon
ne
pourroit soutenir la grand’ lumiere & chaleur du
Soleil
de pres. Soleil dõnant ou desrobant
que
La Lune, c’et la femme, nourrice, fille ou seur
de celui qui songe,
& sinifie argent, richesse, mar
chandise & trafique, & nauigacion,
& les yeus
de celui songe: & le maitre ou maitresse.
Et
pourtant si la Lune se tourne en bien & ioye,
c’et bien
& honneur de par ceus qu’elle
te,
racion
Songe aussi est bon aus Changeurs, Vsuriers, &
Receueurs de
recette pour les viures: Aussi est
bon à ceus qui se veulent mõtrer
& aparoir: mais
il descelle les cachez: & les malades et
nauigans
met en danger de mort. Le bien ou le mal que
fie
dre,
Voir toutes les Estoiles cleres & nettes, est
bon pour voyager,
& pour toutes afaires, &
pour les secretz: en quoy ne
conuiennent auec
le Soleil & la Lune. Les Estoiles ou Planettes
qui
sont causatiues de froideur, sinifient facheries &
dangers: mais causatiues de beau tems & dous,
c’et prosperité
& richesse. Celles qui sont cause
du solstice ybernal, c’et
changement en mal ou
en pis: du solstice estuiual, en bien ou
mieus. Les
Estoiles s’euanouissans ou se perdãs au Ciel, c’et
póureté et desercion aus riches: car il faut
giner
ge:
ce Songe sinifie mort: seulement seroit bon à
ceus qui
ont machiné quelques grans maus. I’ay
entendu dire que quelcun
auoit songé que les
Estoiles s’estoient disparues du Ciel, &
les
ueus
ou disparans, c’et perte de gens, parens ou amis,
grans ou petis, selon la qualité des Estoiles.
rober
apres
ce Songe les songeurs ont cõmis sacrilege,
& en ont esté repris
& puniz. Manger les
les
Vaticinateurs, ausquels
sinifie gain, aus autres
mort. Voir les Estoiles sous la couuerture
de la
maison, c’et que la maison sera deserte, consumee
ou
brulee, ou que le maitre de la maison
ra.
autres
semblables, vuz par songe sinifient
me
Larc en Ciel à dextre, est bon: à senestre
uais:
Soleil &
en quelque qualité qu’il aparoisse, c’et
bon sine à quiconque
seroit afligé de póureté ou
d’autre afliccion: car il change le
tems & l’air.
Les nues blanches, c’et prosperité: montans de
terre en haut, c’et voyage ou retour de
l’absent, et
reuelement de secret: rouges ou enflambees, c’et
mauuaise issue d’afaires: fumeuses, tenebreuses &
obscures,
c’et mauuais tems, ou facherie.
Vents dous, sont bons: impetueus, sont gens
mal plaisans &
meschans. Tourbillons &
pestes
La terre tremblant, c’et changement d’estat
& d’afaires: mais
ouuertures, abimes,
sions,
ou perte de biens.
Seulement on ha experimenté
ce Songe bon à ceus qui proposent
voyager, &
qui sont endettez.
L’eschelle est sine de voyager. Les degrez, c’et
auancement: aucuns
dient que c’et peril. La
se,
che.
res,
me
maitre d’Hostel.
Les Eufs aus medecins & peintres, & à ceus
qui en vendent
& trafiquent, sont bons: aus
tres
gain: mais beaucoup,
c’et peine & souci, noises
ou proces.
Faut entendre & retenir en general que tous
monstres, &
choses impossibles selon nature, c’et
veine esperance des choses
qui ne se feront point.
Les Liures sont la vie de celui qui songe:
ger
à tous qui
font profit des liures, & qui sont
dieus
Les Perdris sinifient hommes & femmes: mais
le plus souuent
femmes sans conscience, &
tes
LEs Laz sont detencion, empeschẽt &
ladie:
dont les ingrats seront deboutez. Aus non
riez,
fans,
Il est bon de fesser ou foueter seulemẽt ceus qui
sont sous nous,
sinon la femme: car feroit
te
fit
des Dieus ny des
morts ny de nos sugets, mais
bien des autrs. Tousiours est bon
d’estre fessé de
verges, ou de la main, & sinifie profit: mais
de
cuir & de cannes & de batons, est mauuais.
Songer estre mort, sont noces à celui qui est
à marier: car mort
& mariage se representent.
Et pourtant aussi aus malades,
songer de soy
rier,
qui ha femme, le mourir lui sinifie
separacion: ou
de companons, amis & parens: car les morts
ne hantent auec les vifs, ny au contraire. A celui
qui est chez
soy, sinifie aller dehors. C’et bon
Songe aus Peres & aus
Poëtes & Orateurs &
Filosofes: car les premiers auront
enfans qui
uront,
memoire. outre ce i’ay fait experience que
c’et
bon songe à ceus qui sont en tristesse & en crein
te: car les morts n’ont plus creinte ne tristesse.
Aussi à ceus qui ont proces d’heritage, & qui veu
lent acheter terre: car les
morts sont Signeurs
de terre: En autre proces, ce Sõge n’est pas
bon,
sinon au malade: car il guerira, pource que les
morts ne
sont plus malades. C’et tout vn songer
estre mort, ou estre porté,
& enseueli cõme pour
mort. Songer estre enseueli & enterré
tout vif,
n’est pas bon: souuent sinifie prison &
captiuité.
Soit bien soit mal que la mort sinifie,
si lon
gé
songe
viendra par autrui: Si lon songe se tuer
me,
mesme.
maus ou biens plus grans. Estre pendu &
glé
& angoisse: c’et aussi changement de lieu &
de
maison. Estre brulé tout vif, c’et autant comme
estre
ateint de la foudre, dont auois parlé cy
sus:
santé: aus ieunes
gens, calamitez,
ces,
à ceus qui veulent
nauiguer, & aux póures: mais
aus riches, au contraire. Aus non
mariez sont no
ces, aus
serfs, liberté: c’et aussi changement de
lieu. Estre crucifié en
vile, c’et auoir estat & ofice
tel que requiert le lieu ou lon
songeroit estre.
Auoir cõbat auec les bestes, est bon aus póures,
& sinifie biens dont ils pourront
nourrir &
tretenir
res
à plusieurs ha esté indice de
maladie: c’et liberté
aus serfs qui songent estre tuez par les
bestes.
Porter autrui est meilleur que d’estre porté,
d’autant que c’et plus
d’honneur donner que
prendre. Car celui qui porte, represente celui
qui
fait du bien & plaisir: & celui qui est porté, cil
qui reçoit. Estre porté de femme, d’enfant, ou de
de póure
personne, est moins de profit & de suport:
c’et bon au serf
d’estre porté de son maitre, & au
póure, d’un riche.
Voir des morts seulement sans autre chose,
ny parole, c’et estre au
mesme estat & afeccion
comme lesdis morts estoient enuers nous:
car
sils ont esté nos bienfaiteurs, ce Songe nous
nifie
uais
& desrober robes, mesnage, argent ou
viures:
car sinifient mort au songeur ou à quelcun
ures,
qu’ils ne donnent autre cas. I’ay connu homme
qui songea que sa femme morte faisoit les lits en
sa
maison, & le lendemain plusieurs de ses grans
amis tomberent
malade.
Aucun dient que songer l’argent, & toute
espece de monnoye,
c’est mauuais: mais i’ay
rimenté
sinie tristesse & paroles
facheuses: mais
noye
res.
meilleur songer d’auoir peu d’argent,
que prou,
pource que le grand taz ne se peut employer &
distribuer que auec peine & souci. Trouuer
sor
tis
ries
pour le mort, comme pour le tresor.
Plorer & douloir, soit pour quelque ami
passé
quelque bon acte. Et non sans propos: car notre
esprit ha quelque
afinité & resemblance à l’air
exterieur qui nous enuironne.
Tout ainsi donq
que l’air est tousiours suget à changement &
mu
tacion de
serein en tempeste, & au contraire de
tempeste en serenité
& tranquilité: aussi est vray
semblable que notre Esprit se change de
triste en
ioyeus, & de ioyeus en triste. Et pourtant aussi
estre ioyeus, c’est sine de tristesse: mais faut qu’il
y ait cause
d’estre triste: autrement se contrister
sans cause, seroit sine
d’estre triste pour cause.
Auoir son sepulcre ou tombeau, ou le batir
est bon au serf: car il
aura liberté: & à celui qui
n’a point d’enfant: car il en aura
qui lui
suruiur
souuent aussi c’et sine de noces, & aquisicion de
terres. C’et
bon Songe generalement aus póures
et riches: mais sepulcres tombans
ou tombez &
ruïnez, c’et le contraire.
Les Morts reuiuans, sont troublemẽs &
dom
mages:
car il faut estimer comme si la
chose estoit
quel troublemẽt y auroit si les morts reuiuoient
lesquels voudroient rẽtrer en iouissance de leurs
biens, qui seroit
facherie & perte grande pour
ceus qui en auroient iouï depuis
leur mort. Les
morts derechef mourans, sinifient mort de ceus
qui porteroient leur nom, estans leurs prochains
parens ou leurs
aliez: si qu’ils sembleroient deux
fois mourir. Bruuage ou morceau
mortel
fie
qui se trouueroit sous le lit, lesquelles choses
nifient
Puis que les noces ont conuenance, &
fiãce
i’en
parleray. Espouser vne fille à celui qui seroit
malade, c’et mort.
C’et bon à celui qui veut
treprendre
Et celui qui espere
quelque bien il l’obtiendra:
car celui qui se marie, prent certes
quelque bien
& douaire de sa femme. Aus autres, c’et
ment,
point de noces: mais si lon prent femme vesue,
on
poursuiura non point nouuelles, mais vieilles
afaires, non sans
profit. Si quelcun voit sa
me
d’accion, ou separacion.
Si la femme songe estre
mariee à vn autre que son mari, elle sera
separee
de lui, ou le verra mort, comme aucuns dient:
mais
i’ay connu que celà n’et pas tousiours: ains
seulement quand la
femme n’et pas enceinte, ou
n’a point d’enfans, ou n’a point
d’heritage à
dre.
verra marier: Et parainsi non pas elle,
mais sa fille
sera mariee à vn autre: Et celle qui ha quelque
bien à vendre, le vendra, & fera cõtract de paches
comem lon
fait pour mariage.
L’arondelle ne sinifie point mal, si elle ne fait
quelque cas qui denoteroit mal: ou si elle
ne se
montroit d’autre couleur que la naturelle: Ains
sinifie
bien, besongne, ouurage, & principalemẽt
noces, & musique:
Et promet femme mesnagere
& gardant la maison: car l’arondelle
vit, & fait
son nid auec nous, sous vne mesme couuerture.
Le Rossignol sinifie comme l’arondelle, sinon
moindre bien: car il
n’est pas tãt familier de nous.
Songer voler vn peu plus haut de terre, estãt droit,
est bon: car
d’autant que lon est plus haut esleué
que ceus qui sont alentour,
d’autãt lon sera plus
grand & plus heureus: le meilleur seroit
q̃ ce ne
fust pas en son païs: car
sinifie transmigracion, &
ne pouuoir arrester, ou retourner au
païs. Voler
auec des ailes est bon generalement à tous: Aus
serf, c’et liberté: aus póures argent: aus riches,
ofice &
dinité: mais voler bien haut, loin de terre,
& sans ailes, c’et
creinte & danger: comme aussi
voler sur les maisons, & par
les rues &
fours,
Ciel, c’et aus serfs entree aus riches
maisons,
me
mauuais: car tout le monde voit le Ciel.
Voler
auec les oiseaus, c’et hanter auec les estrangers:
&
peine, & punicion aus malfaiteurs. C’et bon
tousiours apres
auoir volé en haut, descendre
en bas, & puis sur celà s’esueiller: mais sur
tout,
quand de vouloir on vole, & de vouloir on
tourne
& bonne disposicion des afaires: mais voler
par
contreinte, comme estant pourchassé des
mes,
sont grandes facheries & dangers. Voler à la
uerse,
guer:
cours sans tempeste, les gens reposent & se
chent
ge
sont oisifs. Au malade, c’et mort. C’et
uais
ste
que le malade vole, c’et mort: car
on tient aussi
que les ames sortãs du corps volent au Ciel
d’un
grand vol & bien leger comme les petis oiseaus.
Le
voler est mauuais à ceus qui ont art & mestier
qui requiert ne
bouger d’une place: il est bon aus
captifs. Plusieurs par ce Songe
de voler sont
uenus
ber.
que
mais n’est pas tant mauuais à
celui qui voudroit
voyager: car seroit sine qu’il voyageroit auec
sa
famille, auec ses outils & meubles, ou en
tes,
Ceus qui par Sõge nous dient quelque chose,
& sont dines de
croire, en premier lieu sont les
Dieus: car car c’et vne chose qui
ne conuient à Dieu
que la mensonge. Puis les
sacrificateurs, car les
hommes les honorent comme Dieus. Puis
les
Rois & Princes: car toute chose qui domine, ha
vertu
& puissance de Dieu. Puis les Peres, Meres,
Maitres ou
Precepteurs: car ils font cõme Dieus,
nous dõnans les premiers la
vie, les autres la
me
iceus, ceus qui ne sont point
menteurs, ny
peurs,
pretes
mentent, le font pour creinte qu’ils ont, ou
pour
espoir de bien: Or les morts ne nous creignent,
ny
n’atendent aucun bien de nous. Puis les
fans,
en tout
ce qu’ils nous annonceront par Songe.
Tous les autres ne sont point
croyables, sinon
ceus qui vient bien & solitairement.
Si dauãture aucun de ceus qui auront eu mes
Liures entre leurs
mains, pense q̃ i’aye pris
trui
rience, il s’abuse: mais quand il aura vuë &
enten
due la
preface de Liure, il connoitra mon
pos
contraire de quelque
propos par moy recité,
pource qu’il auroit (comme ie pense)
quelque
probabilité: il doit sauoir, pour respondre, que ie
say bien qu’il trouuera que dire, & ce qui sera
vraysemblable:
Ce que i’auois bien la puissance
de faire aussi, mais ie n’ay pas
cherché à complaire
comme ceus qui quierent le bruit & faueur
es
Theatres, & qui vendent leurs paroles: Ains ie
produis
& apelle tousiours à témoins pour moy,
l’experience, & la
reigle ou raison. Ie suis donq ia
fait en tout à toute experience:
car ie n’ay iamais
fait autre chose iour & nuit q̃ méditer &
ter
Songes. Or ie veus prier les Lecteurs de peu de
chose: c’et qu’il
n’aioutent ne diminuent en mes
presente euures: car si quelcun y
peut aiouter, il
en pourroit aussi plus facilement faire vn
liure
particulier: Ou soit qu’il pense qu’il y ait
choses
superflues, qu’il vse tant
mẽt
laissant le reste pour
les autres.
*
estimeront de ma presente
traduccion: mais ie
say q̃ tu ne la despriseras, ains
pren
dras
de bien bon cœur. Et pourtant
aussi que i’ay cõnoissance de la
dou
ceur
& bonne nature de ton esprit qui se recree
en toute choses bonnes, & vertueuses,
ment
dresser
dore
tes amis, & y trouueras (si tu y conioins
rience,
du Liure) recreacion auec admiracion, cõme i’ay
fait
premierement. Car c’et, certes, chose bien
admirable, & des plus qu’il
soit point en ce
de,
& si estrange, comme sont les Songes. Quand
à
mon endroit, Cousin & ami, ie te vueil bien faire
seur qu’il ne
s’est fait en moy aucune chose
portance
que Dieu ne m’en ait auerti, troublé ou
consolé,
dont ie le remercie, quãd il me console: & le prie,
quand
il me trouble: & m’en fuis par ce moyen
tousiours bien trouué. Et en ce point i’ay sù tirer
& faire mon
profit des Songes Ce q̃ aussi tu
ras
nois.
Ie te veus aussi reciter vn
cas qui m’est
nu
quatre & cinq mois deuant que ma
fait mon fils
seul &
premier d’elle & de moy, i’ay par plusieurs
& diuerses fois songé
que ie voyois vn arbre de
Meurier portant les meures: Et ce, deuant
que
onques i’usses pensé ny auisé si le liure d’
dore
esprit me raportoit & representoit ce Meurier, ie
fu
mù, & quasi contreint d’y aller voir: si pris le
Liure, & lù
dedens, que voir un Meurier droit &
portant fruit, c’et generacion
& lignee. Et suiuãt
ce propos i’ay quelquefois dit à certeins de
mes
amis, que ie pensois que Dieu de feroit la grace
d’auoir de ma
femme, qui estoit enceinte, enfant
qui viuroit, & non pas comme ma ma
fille qui
rut
endroit meins autre cas et songe, don
l’issue m’est
auenu toute conforme à l’exposicion de notre
tu me croiras autant, & prendras cetui seul au
lieu de plusieurs pour
le present & pour
macion:
auenu, non sans grand ioye & liesse à moy, &
à mes amis.
Au par sus, ie te veus bien auiser que quand
aus efets des Songes, il ne les
faut tousiours
rir
claire
té en moy, tu
dois sauoir que quand il me doit
auenir quelque grand bien, selon ma
qualité, i’en
ay ordinairement des Songes, fantasmes &
sions,
& couuertures telles: Cõme, que ie vole en l’air,
&
puis que ie retombe sur mes piez: Que ie
se
amis & familiers, auec une
grande liesse &
se:
moy: Que les bestes sauuages se viennent
uoiser,
quand c’et quelque petit bien present, comme
qui doiue auenir dens
quatre ou cinq iours. Ie
verray par Songe ma barbe belle, forte &
espesse.
Ie verray le feu bel et cler en mon foyer: I’auray
chaussure
neuue, bien iointe & bien nette: Ie
ray
me verray quelque petit d’or ou
d’argẽt en
se
ligemment
quelque petite quãtité d’eufs ou en mangeray,
ou
des pois, ou du lard cuit, ou des pommes douces.
Quand i’auray empeschement d’afaires ou noi
ses, i’orray ou sonneray cloches, trompettes,
nettes:
nois ou
noisilles, ou remueray du sable: Ie verray
Medecins ou Auocats, ou parleray
à eus.
Quand i’auray de brief nouuelles, ie songeray
lire ou escrire en papier: si
elles doiuẽt estre
uaises,
que
lon
d’argent, ie descendray par vne eschelle, ie
verray
mes chausses rompues ou ceintes en mon esprit,
chant
ma robe:
que ie voy arracher l’espine du pié d’un
cheual: qu’il me tombe sans faire
mal, vne dent
qui autrefois ma fait mal: Si ie me pigne, si ie
mon
te vne montee
facheuse, comme degrez rompuz,
& i’en viens au dessus: si i’ouure vne
porte auec la
clef, & i’entre en maison ou chambre: Sie ie passe
quelques ruisseaus, ou fossez, ou ponts, soit en
sautant ou sur pierres ou
planches, combien que
ce ne soit sans creinte & peine: c’et sine
certein
que i’en feray bien tot deliuré. Et tout cela i’ay
esprouué,
& experimenté par vne infinité de fois:
& quasi aussi souuent que
tous les iours. Voila
des experiences dont il me souuient
ment,
souuiendra par cy apres, sera pour conferer en
semble de parole auec les tiennes experiences, en
la premiere
saison que
ce tems de
vendange que ie t’iray voir suiuant ma
promesse, & si Dieu me donne
santé telle qu’à
present, & qu’a toy, et à tous tes amis ie
desire.
Qui sera fin apres que ie t’auray auise que ce tiers
Liure
d’
&
separé des autres deus premiers. Ce qui apert
par la conclusion de l’Auteur
en fin du second
Liure: Et aussi ce liure fut composé long tems
apres
les autres: car l’Auteur voyant qu’il
loit
Lecteurs pouuoiẽt desirer es
deus premiers, alors
il amassa & recueillit les choses contenues en
ce
tiers Liure lesquelles ne voulut remettre &
ter
la
conclusion de ce tiers Liure: ny aussi en faire
vn seul Liure à part, mais
ayma mieus lui donner
titre de tiers Liure à raison qu’il depend des
deus
premiers, telleent que d’aucuns propos
sembleroient quasi redites
si lon ny
auise de pres: car il ne les repete
sans cause: mais pour
plus
amplement ou
trement
poser.
A Dieu.
ou tables, c’est noise & debat
pour argẽt: c’et tousiours bon
de veincre: au malade, c’est
mau
uais
si on lui coupe la queue
en ieu. Les dez ou table
plement
mais la perte
d’iceus, c’et fin de noise & sedicion.
Voir vn enfant iouer aus dez
ou tables &
tons,
mauuais iouer aus dez, sinon qu’il espere
quelque
succession par mort d’autrui: car les dez sont
faits des
os des morts.
Songer que lon desrobe, n’est pas bon, sinon à
celui qui voudroit
tromper autrui. Dautant que
serait la chose que lon songe desrober,
plus riche,
& plus seurement gardee, dautant c’et plus grand
danger au songeur: car il est vraysembable
que
peines
ausquelles la Loy les larrons. Commettre
sacrilege par Songe, est
tresmauuais à tous, sinon
aus Sacrificateurs & Vaticinateur: car
par
tume
oblacions, & sont aucunement nourris de leurs
Dieus, & ne prennent pas tous manifestement.
Mentir par Sõge, n’est
pas bon, sinon aus farseurs
& railleurs qui ont de ce coutume. C’et
moindre
mal mentir aus estrangers que aus siens: car
fie
tir aus siens en
choses de petite importance.
Cailles, sont messagers portans mauuaises nou
uelles de dessus la Mer. Elles sont contraires
aus
aliances, amitiez, noces: car elles sinifients noises
&
sedicions: & mort aus malades, si elles
sent
ges:
qu’elles sont espiees quand elles volent, &
bent
Chasseurs. Coqs qui se combatent sont aussi
ses
Voir des Formis auec ailes, n’est pas bon: car
c’et dommage, & dangereus voyage. Les autres
Formis
apelees diligẽtes & laborieuses, sont
nes
ou il n’y ha grains, là ne
se trouuent les Formis.
Elles sont bonnes aussi à ceus qui viuent du
com
mun, &
trient profit de plusieurs: & au malade,
quand elles ne s’aprochent
pres de son corps: car
elles sont apelees laborieuses, & ne cessent
de
bourer,
quand elles se rengent pres du corps du pacient,
c’et
mort, pource qu’elles sont filles du Terre, &
froides &
noires;
Songer auoir petite quantite de Pous, & les
trouuer sur son corps,
ou sur sa robe, & les tuer,
c’et bon: car ce Songe sinifie que lon
sera deliuré
de souci & tristesse: mais en auoir en grãde
quan
tité, c’est
longue maladie ou captiuité, ou grande
póureté: car en tels cas les
Pous abondent: Et si
lon les regete tous, c’est espoir d’estre releué
de
tous ses maus. Faire des vers par la bouche, ou
par le siege,
c’et connoitre ses ennemis &
teurs
Les petis Vers, sont souci & facherie, & la plus
souuent desplaisance qu’on aura de femme, &
de
familiers. Les Tahons, sont mauuaises gens qui
assaudront,
& difameront le songeur. Aus
niers,
car telles grosses
Mouches ayment, & demãdent
le vinaigre.
Se batre auec ses familiers n’est pas bon, ny
auec estrangers: Le malade
en sera en danger de
resuerie & perte de sens. Se batre auec grans
sonnages,
est tresmauuais. Songer haïr ou estre haï, soit
mis
afaire de tout le monde.
Voir des gens immolez & tuez, est bon: car
c’et sine que nos afaires
sont acomplies ou pres
de la fin.
Le Crocodil sinifie le Pirate & Brigant de
Mer, ou le Meurdrier
& meschant en quelque
sorte, comme le Cocodril . Le
Chat sinifie
tere
Estre monté sur des eschasses, au malfaiteur c’est
prison & cheines & ceps: aus autres, c’et maladie
ou vie vagabonde chez les estrangers.
Cheminer sur la Mer, à celui qui veut voyager
est bon: Puis aussi au
serf, & à celui qui veut pren
dre femme: Cetui iouira de sa femme, &
l’autre
de son Signeur à son plaisir, c’et bon aussi à celui
qui
ha proces: car la Mer represent le Iuge qui
traite bien les vns, &
mal les autres: & la femme,
à cause de l’humidité, & le
Signeur, à cause de sa
puissance. Au ieune homme, ce Songe c’et
amour
de femme de plaisir: & à la femme, c’et vie
lue
tein,
mais en fin elle en traite plusieurs bien mal. Ce
Songe
est bon à tous ceus qui viuent & son
fit
blique:
car la Mer est
semblable à vn peuple, à cause du
desordre & confusion des
ondes.
Former des Images d’hommes, soit de terre ou
autre matiere, est bon aus
gouuerneurs d’enfans:
car ils les gouuerneront & instruiront auec
neur
car ils en auront qui leur serõt bien resemblables.
Estre lié à la charrette pour la tirer comme vn
cheual, ou beuf, c’et
maladie, seruitude, & peine
à toute personne, quelque riche &
puissante
qu’elle soit. Estre sur vne charrette ou litiere
té,
autorité sur plusieurs, & auoir enfans de
bonnes
meurs: quãt aus voyages, c’et seurté auec tardité.
Estre malade, est bon seulemẽt à ceus qui sont
en captiuité ou en grande
póureté: car la
die
autres, c’et grand’ oisiueté & faute de
besongne
C’et mesme cas, songer visiter
quelque malade
inconnu: mais quelque familier & connu, c’et
qu’il lui auiendra ce que dessus, non au songeur
car nous disons que
les amis procheins &
liers,
des choses qui nous sont à venir. Mesme i’ay
serué
veut sinifier bien
tot, & plus grandement à venir
elle les aduit, represente, &
fantasie sur la
ne
plus tard, &
de moindre aparence, elles les repr
sente par autrui.
Estre diformement habillé, c’et mal à tous: &
sinifie d’abondant
moquerie & raillerie, auec la
mauaise issue d’afaires: ce Songe
seroit seulemẽt
bon à gens railleurs & farseurs.
Escrire de la gauche, c’et faire quelque
nacion
aucun.
Songer de voir son beau Pere ou belle Mere,
vifs ou morts, c’est
mauuais, mesme vsans de force
ou de menace: Vsans de douces paroles
& bon
recueil, sont veines esperances & dissimulacions.
quelquefois sinifient voyages: car le Pere & Mere
naturels
representent la maison: Le Paratre, &
Maratre, les estrangers.
Les Predecesseurs, comme ayeuls, & autres
maieurs, sinifient souci
qui se conuertira en bien
ou mal, selon la grace & circonstance qu
enous
les songerons. Les successeurs enfans, c’et
rie
La Souris sinifie le seruiteur: c’et bon d’a
voir plusieurs se iouans & s’esbatans: mais
la
lette
proces, ou mort: & gain selon ce qu’elle fait
&
va ou vient.
La Fange sinifie maladie ou deshonneur.
Le bassin sinifie la bonne chambriere: boire
ou manger dedens, c’et
amour de seruante. Se
voir dens le bassin comme dens vn miroer,
c’et
auoir enfans de la seruante.
La statue ou image sinifie les enfans, & le vou
loir & afeccion de la personne qui songe.
l’Image
de matiere solide, & non pourrissante, est
leure
Cire, & autres. Ce qui auiendra à l’image,
dra
qui
songe.
La sage femme vue par Songe, c’et reuelement
de secretz, & dommage:
c’et mort aus malades:
car elle tire tousiours ce qui est contenu de ce
qui
contient, & le remet à la terre. A ceus qui
sont detenuz par force,
c’et liberté: Vuë souuent
de celle qui ne seroit enceinte, lui sinifie
maladie.
Les espines, & aguillons, sont douleurs,
peschemens,
nifié
sonnes.
La cheine, c’et la femme, detencion, afaires
mal à gré, &
empeschemens.
Songer auoir consolacion de quelcun, au
che
& afligé, c’et
ayde & reconfort.
Songer estre nauré en l’estomac, ou au cœur,
aus Ieunes gens c’et amour.
Aus vieillars douleur
& tristesse: En la paume de la main dextre,
c’et
dette, & dueil. à cause du sinet qui se fait par
elle,
mais la nouuelle peau reprise en la playe, que lon
apele
cicatrice, c’et fin & issue des maus.
La Dette & le Crediteur representent la vie.
Parquoy aus malades le
Crediteur pressant &
contreignant, c’et grand danger: &
receuant,
c’et mort: car nous deuons la vie à la nature,
tre
& payer. Crediteur mourant, c’et fin de tristesse.
L’hoste & locateur qui donne maison à louage,
sinifie comme le
Crediteur: quelquefois le
diteur
re
Songer estre fol, est bon à cil qui veut se
tre
tout ce qui leur
vient en fantasie. C’et bon aussi
aus Preuots & Escheuins qui
veulent auoir
torité
& hõneur. Aussi est bon à ceus qui veulent
uerner
uent
car ils auront du bien: Car les fols prennent de
tous cotez, & à toutes mains. Au malade, c’et
santé: car folie fait
aller & venir, non pas dormir
& reposer. Mais songer estre
yure, est
uais
ment
yures ne creingnent & ne doutent rien.
Voir des lettres, & ce qui seroit escrit dedens,
c’et que lon aura
la disposicion des choses selon
le contenu: mais les voir simplement,
sans ce qui
seroit escrit dedens, c’et bonne nouuelle: car en
toute lettre y ha salut, Boniour, Dieugard, &
Adieu.
Songer quelque plante sortir de notre corps,
c’et mort ou incisure à
celui qui seroit sinifié par
la partie dont sort ladite plante.
Rongne, Lepre, & Gratelle, sont sines de
chesse
sans,
de
secretz. Mais voir autrui lepreus & rongneus,
c’et facherie &
souci: car toutes choses laides &
de mauuais regard, contristent
l’esprit de ceus
qui regardent.
Geter des pierres à quelcun, c’est assaillir
cun
uré
pierres representent les paroles iniurieuses.
uent
assailli de pierres, fuie. Quand plusieurs sont
qui
gettent les pierres, ce Songe est bon à celui qui
espere
argent, profit & vtilité de plusieurs;
Cigales ou grillons, sinifient musiciens: à ceus
qui sont en necessité,
ne sinifient point amis, ny
suport, mais seulement paroles & propos
des
faires.
ces
Estre en peine & soufrance comme vn autre,
c’et estre complice &
participant de son malfait,
& de la peine: car les maladies, &
imperfeccions
du corps, se raportent aus passions & afeccions
de l’ame.
Voir du Fumier, est bon à ceus qui viuent sur
le menu peuple, & qui
en tirent profit: & à ceus
qui sont d’estat vil. C’et bon aussi à
ceus qui ont
charge de negoces publiques. C’et bon au póure
de
dormir sur le fumier: car il aquerra & amassera
prou d’argement: Au
riche c’est estat, ofice &
neur
& gete les superfluitez sur le fumier. Estre souillé
de fumier par quelque familier, c’est inimité auec
lui, & iniure:
mais par quelque incõnu, c’et grand
dommage à venir.
Prieres & requestes d’aumone, tous mẽdians,
póures, &
miserables, c’est souci & facherie à tous
qui les songent: car nul
ne requiert autrui sans
estre afligé: & nul afligé n’a raison &
cion.
sont troublement & empeschement. Et s’ils
çoiuent
peril & dommage: Et souuent c’et mort au
geur,
entrans en la maison, & emportans quelque
se,
fient
La Clef vuë par Songe, à celui qui se voudroit
marier, c’et sinifiance
de bonne & preudefemme,
& mesnagere: ou de bonne chambriere:
Elle est
contraire à voyager, car elle sinifie estre regeté &
empesché, & nõ pas reçu: Elle est bõne à ceus qui
veulent procurer
& dispenser les afaires d’autrui.
Voir le Cuisinier en la maison, c’et bon à ceus
qui se veulent marier: car les noces ne se font
pas
sans Cuisinier: c’et bon aussi aus poures: car ils
auront du
bien, & puissance de tenir bonne &
longue table: aus malades,
c’et inflammacion &
chaleur &
cretz:
sente
Songer de iouer aus Eschets, c’et gain par
men
songe
& decepcion: Voir autrui iouer,
c’et qu’il
sera en perte par tromperie.
Les Bouchers qui assomment, tuent,
pent
dent:
de mort aus
malades: car c’et leur estat de
cher
plus grand’ doute: aus
captifs & obligez, c’et issue
de leurs maus.
L’Hotelier qui tient hotelerie publqiue, c’et
mort au malade: car
il
sinifie la mort à cause qu’il
reçoit toutes gens: aus autres,
c’et
troublement
& tristesse, danger, & voyage.
L’hotelerie
sinifie
comme l’hotelier.
Estre gardé & detenu par quelcun, c’et
chement
lades: toutefois à ceus qui sont
bien bas, & pres
de la fin, c’et retour de santé & permanence.
Car
la garde & conseruacion represente la vie qui sera
prolongee: mais deliurance & dissolucion &
te,
captiuité de liens, soit de gré soit de force, c’et
grande maladie ou
forte facherie. Les Sergens &
Bourreaus, sont captiuitez,
tristesses, &
ment
Veillees & festiuitez nocturnes, sont bonnes
à ceus qui se veulent
marier & faire noces: & à
ceus qui quierent compagnies &
aliances: Et aus
poures, c’et sine de biens: aus tristes &
creintifs,
fin de tristesse & de creinte: car volontiers ne
veillent pas toute la nuit en danses & bõnes
res
lars
res:
blement
Lieus de Plaids, de Marché, Theatres, Carre-
fours & grans places en Vile, &
Faubours, & Egli
ses, ce
sont troublemens & confusions, à cause de
la multitude de gens qui
s’assemblent esdis lieus
& places. Marché rempli de biens & de
gens est
bon à ceus qui y trafiquent: mais desert, c’est le
contraire.
Statues d’erain bien grandes vuës mouuoir
par Songe, c’est richesse
& reuenu: toutesfois trop
grandes à merueilles & mouuantes,
sont grandes
terreurs & perilz, pource qu’on ne les pourroit
voir sans frayeur. Les statues aussi representent
les Magistrats &
Gouuerneurs de vile: donq ce
qu’elles feront ou diront auiendra
ausdites
sonnes.
La Taupe sinifie l’homme aueugle par
uenient
sera
descelé par soymesme.
Chouette, Chahuant, Butor, Chauuesouris, &
tout autre oiseau de
nuit, est contraire à toute
entreprise, & auancement d’afaires:
mais tollit
les creintes & terreurs. La seule chauuesouris est
bõne aus femmes enceintes: car elle ne fait point
d’eufs comme tous autres oiseaus: mais des
tis,
seaus
y habiter, c’et que la maison sera deserte, &
laissee
Terre, & voit en songe aucun de ces oiseaus, il
tombera en
grande tempeste, ou entre mains des
brigans.
L’orloge sinifie accions, mouuemens,
cions,
cessaires.
& grand danger,
mesme aus malades. Tousiours
seroit bien le meilleur de conter les
heures deuãt
midi, que celles d’apres.
Voilà donc sufisamment, comme ie pense, ce
qui defailloit, que i’ay
compris au tiers Liure, &
qui n’estoit pas bien consonant de
remettre &
aiouter aus deus premiers. Pource i’en ay mieus
aymé faire vn liuret à part: & n’ay voulu omettre
les choses y
contenues, à fin de ne laisser ocasion
à nul d’en escrire &
aiouter. Mais lon doit bien
sauoir qu’il n’est rien plus facheus &
dificile que
d’entendre la diuersité, & comme composicion,
& mixtion des songes, & d’en faire à
tous reigle
generale: atendu que quelquefois, & souuent lon
voit par mesme Songe & tems, de iour ou nuit,
chose cõtraires entre
elles, et n’ayant
ce
les choses sinifiees par mesmes songes
soient
rentes,
predisent les choses à venir. Mais comme en
tes
ce, ainsi
est vraysemblable qu’il auient aus
ges.
ge
ser
car aus afaires de ce monde
quelquefois aussi la
grande ocasion d’espoir, ha eu mauuaise issue:
&
au contraire, quelquefois doute & creinte ont eu
bonne
issue: Et pour les grans maus qu’on
doit,
ce
mixtes & composez
certes sont douteus, & ne se
peuuent pas entendre, ny exposer
facilement, ce
qui est grief à plusieurs. Or i’ay escrit auec
ordre
& le mieus que i’ay pù, & le plus facilement, à fin
que chacun print voye facile en l’exposicion des
songes. Et comme les
maitres d’escole apres qu’ils
ont enseigné aus enfans la connoissance
&
prieté
auant les enseignent cõment il faut vser de toutes
ensemble: aussi ie veus donner certeins petis
seignemens
dit mar trois liures precedens, à fin qu’il soit
plus
facile de les entendre & aprendre: car à ceus
qui ont experience
& long vsage, le propos sera
facile, & qui seul sufira
d’enseigner toutes les cho
ses comment elles finiront. Or fus donq au
mier
Pere de celui qui
songe: Et au second, que le Lion
est le Roy, ou la maladie: Et au
chapitre de la
mort, que c’et bon aus póures songer de mourir.
Quand donq quelque homme póure (ayant son
Pere riche) songe que le Lion
vient arracher &
deuorer ou rauir sa teste: & que ledit póure
hom
me demeure mort,
& sans teste en songeant: c’et
vraysemblable que son Pere mourra,
& le fera
son heritier. Et par ce moyen sera hors de sa
gueur
ny le Pere ny la póureté ne le domineront &
opresseront
plus. Car en ce Songe la teste
sente
uacion
mourra: Et la mort de
ce póure homme,
ment
see.
cion
de chacũ chapitre & propos
recueillis ensemble,
lon n’en face qu’une exposicion, comme vne mi
xtion & composicion de medecine, qui se
fait de
plusieurs herbes & racines. Or pour la fin ie
sire
de bon vouloir lire mes liures, & ne les acuser ou
blamer, deuant qu’ils les ayent diligemment luz
& entenduz:
autrement i’oseray afermer auec
grand serment & iurement, que ces
miens
liures ne se permettrõt point estre
getez
des propos de ceus qu’ils
rencontreront
dieus,
benins Le
cteurs. *
plusieurfois m’ussent requis &
de
mandé
depuis vn an, mon translat
par Epitome, des trois premiers
li
ures
d’Artemidore : dont i’auois
fourni la copie à Ian de Tournes, qui premier
l’imprima bien correctement : & que à peine eus
ny moy en vssions pù recouurer de telle
sion,
Paris, tant mal correctes & mal en point, que ny
eus, ny moy, ny tout homme de bon esprit ne
s’en pourroit cõtenter : ie proposay le faire
primer
cé :
autres liures suiuãs (car Artemidore en fit cinq)
pour parfaire l’euure. Lequel labeur par moy
aiouté
quatriéme & cinquiéme) ie veus dedier, & dedie
à votre nom, pour en partie reconnoitre &
ner
bonne afeccion que de long tems, & de votre
grace, me portez, comme l’experience en fait
foy : & pource aussi que quelquefois nous auons
deuisé de telle matiere. Ie say, ce nonostant que
par aucuns elle est peu prisee : mais pour n’estre
trop long, & ne faire vne chose ia faite, ie
ray
long tems ha debatues, & mesmement par moy
assez amplement deduites es trois Epitres
naires
si grãs auteurs pour moy, (ou plustot
re
bien foibles, & bien petis enuers tels grans
sonnages :
dore
cores
liures, Oger Ferrier Medecin de Toulouze ha
fait vn traité des Songes en Latin, fort bien cou
ché, & deduit : & lequel ha esté imprimé par le
mesme imprimeur Ian de Tournes, auec encor
autres certeins petis traitez, beaus & excellens,
faits par diuers auteurs, à sauoir Hippocrate,
lien,
esté quelquefois en fantasie de traduire de Latin
en François : sinon que ie doute q̃ ledit Medecin
soit en vie : & que sur ces euures, lui viuant, ie ne
veus mettre la main pour le traduire, qui le
roit
tre
cor
bonne part ce petit present que de bon cœur ie
vous fay. Adieu, qui vous gard’ & les votres.
latifs,
c’etadire, qui auiennent
en la mesme façon que l’esprit
les ha vuz & speculez (s’il faut
ainsi parler) quand le corps
re
pose :
autres en y ha qui sont
allegoriques, c’etadire, qui demontrent sous
tres
plus
difficiles à inetrpreter : mesmemẽt
par ce que
l
me
tre
ment
latifs
n’aportent pas efet) tout incontinent, ou bien
tot : mais
l’efet des Songes allegoriques se
tre
me
de penser que les choses monstrueuses &
impossi
bles,
auinssent comme l
mant.
leur
art, entre ceus qui sont de mesme art :
me
malade, fut long tems sans demener caises : &
le
serrurier qui songea qu’il voyoit porter en terre
l’autre
serrurier son voisin, delaissa la boutique
& la vile mesme ou il
se tenoit : mais, à parler d’au
tre, Apollonide chirurgien songea
q̃ se combatãt
au ieu de
l’escrime, il en naura plusieurs : & par sa
chirurgie il en
guerit plusieurs, & eut bõne
tique :
playes, mais non pas de tuer : & le
semblable fait
le chirurgien. Le malade songeant voir des
pains
prets à mettre au four, bien q̃ les fruits de Ceres
soient tousiours bons, cela
toutefois lui sinifie
grande fieure auenir, à cause que iceus pains
uent
se
veut marier, ou qui veut faire aliance &
pagnie
gne
desire de s’auancer & paruenir est
meilleur
ger
prenoit des plus aparens personnages.
Sõger voir toutes sortes de hardes qui se
uent
paniers, corbeilles : soient cheines, carquans,
gues
se
marier, ou faire quelque aliance autre : mais c’et
le cõtraire à
ceus qui veulent faire voyages,
rir,
faut toutefois excepter ceus qui veulent
autrui
surprendre, & vser de quelque fraude & finesse.
Songer de rencontrer ou de voir des gens,
soient hommes, soient
femmes, si ce sont gens
qui nous ayment ou ont aymé, & qui nous
font
ou ont fait du bien, & ꝗ n’ont eu enuie de nous
nuire, ains qui bien nous veulẽt, soit qu’ils soient
en vie,
soient qu’ils soient morts, ce Sõge est bon :
car ceus que l’esprit
voit ou rencõtre en dormãt,
ce sont especes & images des choses,
& affaires
à venir : dont les amis sinifient les bonnes, &
les
ennemis au contraire les mauuaises.
Si l’homme deuenu póure, apres auoir esté
che,
auoit auparauant, & que les
gens aussi que lors
il auoit, soient auec lui en sa maison, ou les
mis,
sur les
chams, ce Songe est bon : car il sinifie que
sa bonne fortune lui
retournera, & au contraire
si l’homme à present riche songe voir & auoir les
choses qu’il
auoit lors qu’il estoit póure, cela lui
predit le retour de sa
póureté & de son malheur
à venir.
Les gens de recreacion, ou aymez de ceus qui
les voyent par Songe,
ou qui ayment iceus, &
leur portent quelque honneur &
faueur, bien
qu’ils n’ayent pas grande connoissance &
liarité
de
recreacion à venir : & aussi au contraire
fient
qui les voit, bien qu’il ignore
leur inimitié &
mauuais vouloir. Ainsi donq quand tu auras
vù
en songeant quelque personnage que tu estimes
ton ami, &
q̃ le iour du lendemain ne te sera
pas
prospere ny ioyeus, alors tu pourras iuger qu’il
ne te porte
pas amitié, ains qu’il est feint &
mulé :
penses estre ton ennemi, &
que le iour du
main
c’et à tort que tu le iuges ton ennemi, & q̃ tu ne
lui dois porter mauuais
œil ou mauuais cœur.
Quelconques artisans que l
ou rencontrer, ont mesme efet auec leur art ou
mestier : & mesme
efet auroit aussi voir leurs bou
tiques. Il faut toutefois excepter
la putein : car
songer la voir ou rencontrer est sine de
ioye,
& n’est mauuais Songe : mais voir le bordeau ou
maison
ou se tient la paillarde, est Songe de
stesse
plein de troublement.
Entre les petis enfans, le meilleur est de songer
voir des garsons
que des filles : toutefois tous les
deus emportent quelque souci
& solicitude, par
ce que sur les enfans il se faut songner. Les
petis
enfans ou autres ieunes gens, & de moyen aage
vuz par
Songe, font icelui meilleur que ne seroit
de voir des vieilles
gens : toutefois si celui qui son
ge estoit en quelque afaire de
produire ou
uoir
qu’il desirast que l
écris, le meilleur seroit pour
lui, de songer voir
des gens d’aage meur ou des vieillars :
pouruu
aussi que iceus vieillars ne fissent quelque acte
de
radotement & de mauuaise grace vieillarde.
Entre les arbres ou plantes tardiuves, le chesne,
l’oliuier, & le ciores, & autres semblables :
lement
semblables, sinifient
les biens ou maus tradifs à
venir, selon la disposicion & diferẽte qualité que
l
auãcent, comme la vigne & le pescher : & des
stes,
traire
Toutes choses solides & fermes, cõme murs,
fondemens, &
vieus arbres, & estofes de fer & de
aïmant, sont
sinificatiues de seurté à ceus qui sont
en doute & creinte,
pouruu que l
ferré
Les chariots qui sont reçuz en vsage,
me
loups, liepards chiens, & autres
semblables
stes,
de grans ennemis : par ce que telles bestes
mises
entre les limons sont sugettes au charretier : mais
songer
estre porté par des hommes, est bon
lement
obeïs, aus autres sinifie difamacion &
dommage.
Songer de flater n’et bon que à ceus qui ont
cela coutume : aus autres est sine d’estre
sé,
de plus basse qualité de courage que
ceus qui ne
flatent point. Songer d’estre ioyeus, &
endurer
facilemẽt d’estre
flaté, n’est pas bon : mesmement
si la flateur est vn de ses
familiers, car cela sinifie
d’estre trahi par lui.
Songer d’estre mis & exposé en vẽte (à la
de
& se fait encor’ entre
quelques nacions
res)
present estat & qualité, comme à gens detenus
en
póureté & seruitude : mais aus riches & aus
malades, & à
ceus qui sont constituez en
neur
est auenu que plusieurs ont esté pris &
vendus.
Songer d’acheter toutes sortes de choses que
l
seulement pour le viure & pour la sustantacion,
est
bon aus póures : mais aus riches & opulens
nifie
Songer d’aquerir & amasser des biens, & mes
me force beau mesnage & bien en ordre, &
coup
uions
cellemment
cela seroit hors de raison, & sinifiroit plustot
mage.
Songer estre en necessité & póureté, ne sinifie
aucun bien à
personne : mesmement ce Songe
n’aporte rien, ains sinifie fortune
cõtraire à ceus
qui sont profit par leur langue & beau
parler.
Songer auenir aus petis enfans ce qui n’et
point propre à leur aage,
n’et pas bon : comme
songer que les enfans máles auroient barbe
&
cheueus gris : & aus petites filles qu’elles
seroient
mariees & seroient des enfans : ce qui leur
sinifie
la mort procheine. Toutefois songer que les
tis
propre à l’homme
& femme de parler. Or quant
est des autres choses auenãs outre
l’aage en ceus
qui ne sont plus petis enfans, cela ha esté
declairé
au premier liure, au chapitre de alteracion
ou
changement. Songes qui sont de generacion
d’enfans ou de
noces, predisent que nos enfans
estans en païs estrange, retourneront & mesme
la femme & les
enfans, si d’auanture on nous les
auroit tollus & emmenez, cela
mesme est sinifié,
si l
Les yeux sinifient & representent les enfans :
pour ce est il
qu’une certeine femme ayant
gé
des :
estoient malades, & elle eut mal aus yeux.
Tout vomissement, soit de sang, de viande, ou
de fleumes, aus póures
gens qui le songent sinifie
profit : & aus riches dommage : car
ceus la certes
ne pourroient rien perdre s’ils ne l’auoient
mierement :
viendront à perdre.
Souuent voir mesmes Songes & par plusieurs
nuits
s’entresuiuantes de pres, c’et sine que notre
esprit nous amõneste
ou predit afeccionnément
vne mesme chose & dine d’y penser : car
quand
nous auons grande afeccion à quelque chose,
nous ne nous
pouuons tenir d’y penser &
d’en
parler : mais si les mesmes Songes sont vuz auec
long espace de tems
entre deus : ils ne doiuent pas
tousiours sinifier mesme chose, ains
diuerse, selon
le changement du tems & des affaires : ne plus
ne
moins que si plusieurs auoient songé vn mesme
Songe, il ne
sinifiroit à tous egalemẽt, mais
tot
des
gens & de leurs diferentes afaires. A ce
pos
auoit perdu le nez, & il perdit ses marchandises
&
n’en vendit plus : car il auoit songé qu’il auoit
perdu le nez, par
lequel on iuge des odeurs. Long
tems apres, & n’estant plus
vendeur de parfuns,
songea ce mesme Songe qu’il n’auoit point
de
nez : & il fut acusé de fausseté, & s’en alla
fugitif
hors de son païs : car c’et vne chose bien laide
&
deshonorable d’auoir perdu le nez, qui est au
plus aparent
lieu de la face : pource dit Vergile :
- & truncas inhonesto vulnere nares.
Icelui mesme parfumeur estant quelque tems
pres
nez, & il mourut : car aussi les
testes des morts
n’ont point de nez. Ainsi vn mesme Songe en
vn
homme par trois diuerses fois sinifia
ment :
chandise :
& tiercement la perte de sa vie.
Tout Vaisseau ou instrument sinifie l’art ou
mestier dont l
l
sinifient vin ou huile, mõceaus de blé ou d’orge :
ou
autre chose, à peu pres ou à l’equipolent, qui
seroit en vsage.
Les outils & instrumens, à ce propos, sinifient
les amis, les
enfans, les parens : la vituaille &
uision,
les cofres & cabinets, les femmes,
& les
mes.
stances,
lier
guerre, songea que estant
apelé par quelcun, il
sortoit de la maison en laquelle il estoit,
& ayant
descendu dus degrez, lui fut auis que celui
qui
l’auoit apelé lui bailloit vne couronne d’oliue,
telle que
les Cheualiers Rommains portoient en
pompes : apres ce Songe il fut
fort ioyeus : &
reillement
gnie
obtiendroit sa requeste : mais non fit : & la
raison,
c’et qu’il receuoit la couronne non pas en
tant
sinifie auancement, &
descendre, au contraire.
toutefois ce Songe lui sinifioit autre
chose, c’et
asauoir qu’il se mariroit, & espousa vne fille : car
la couronne
estoit de branches liees. Il ne faut
pas donq que celui qui expose
les Sõges s’arreste
à vne seule chose, mais faut qu’il entende toute
la
disposicion & deduccion d’iceus : car ceus qui
auoient
iugé de ce Songe par la seule couronne,
sans auoir egard à la
descẽte, ont esté tous
pez
Tous ceus qui sont d’un parnetage, mesme les
enfans, representez par
Songe atans ou faisans
quelques choses, sinifient faire ou auenir
quelque
cas aprochant ausdites choses à quiconque soit
de la
parenté : comme quoy : vn homme songea
que sa fille estoit deuenue
bossue : & la seur du
songeur mourut : & non sans propos, car il
auoit
cette procheine parente non saine, puis que si en
brief
elle trespassa.
Toutes les choses qui nous enuironnent ou
nous reçoiuent, ont mesme
consideracio :
me
de bois : or il nauigoit, & la nauigacion ou
ge
presentoit
Vn autre songea que sa robe estoit toute cou
pee par la belle moitié : & sa maison tomba.
Vn autre songea qu’il auoit perdu le couuert
de sa maison, & il
perdit ses habillemens.
Vn marinier songea voir vne muraille qui se
rompoit, & les pans
& cotez de sa nauire furent
rompuz. Aussi toutes telles choses
se peuuent
raporter au corps : & pourtant non sans
pos
ou deschiree, fut nauré en
son corps, & en ce
mesme endroit ou il auoit songé qu’estoit la
sure
de
son corps, ainsi son corps l’estui de son ame.
Au cas pareil les seruiteurs, outre les autres
choses qu’ils peuuẽt sinifier, representẽt le corps
de leurs maitres.
Pource est il qu’un maitre qui
auoit songé voir son seruiteur
malade, fut lui
mesme malade de la fieure : car aussi le corps
est
comme seruiteur de l’ame, qui voyoit ce Songe.
Vn autre songea qu’il auoit pié de cheual, & il
fut fait
Cheualier ou hõmedarme : car comme ses
iez le portoient, ainsi le
cheual le deuoit porter.
Qui songera que le Roy lui dõnera de la
che
au profit de celui qui songe.
Tout ce que quelcun songe dire à autrio, &
que ce qu’il dit ne touche à son mestier, art ou
estude &
vacacion, ains plustot de celui à qui il
songe parler, tout cela se doit
entendre retourner
en lui qui songe. Et aussi au contraire : mais
me
apres les auoir aprises, cela est bon, & sine de
bien
& auancement, ainsi se doit interpreter en tous
autres
arts. Or, suiuant propos, ce que les
cins
tiere
cat
qui songe, & de lui se doit interpreter.
Songer faire bien à ceus dont l
re
de
bien : car autrement l
grace, & n’auroit l
eus : & aussi songer le contraire est
mauuais.
raclide
son
art, & contendre pour icelui auec d’autres
Poëtes Tragiques à
Romme, songea qu’il tuoit
les spectateurs, & ceus qui estoient
deputez &
commis pour en iuger, & ses amis : il perdit
neur,
art :
car l
mais bien ses ennemis : ainsi son Songe semble lui
predire
que les Iges & spectateurs lui seroient
contraires & comme
ennemis : & encores
estans tuez ne lui pourroient ayder.
Songer batir vn foyer en païs estrange, à celui
qui n’est en propos
de se marier ou d’aller habiter
en païs estranger, sinifie mort.
Il faut diuiser ou separer les Songes selon leurs
parties diuerses,
& separément les discuter &
terpeter.
gea
Mer : puis apres estant sorti de leans, songea
qu’il
cheminoit sur la Mer. Quant est de la premiere
partie de
ce Songe, tu en trouueras raison &
posicion
de la seconde partie, qui est de
cheminer sur la
Mer, tu auras recours au tiers Liure, pour
sauoir
que cela sinifie. Songer vétir robes immobiles,
n’est pas
bon, & sinifie empeschement, ou mort.
Les choses semblables de
couleur ont mesme
nifiance.
vn More : & le
lendemain on lui donna vn ton
neau plein de charbon. Vne femme
songea
le
Ny cacher, ny oindre ou farder sa face de quel
que chose que ce soit, n’est aucunement bon Son
ge : car cela sinifie
quelque coulpe, crime ou
fait
exemple : Vn ieune homme de Paphos songea
qu’il
fardoit son visage à la mode des femmes :
qu’en auint il ? il fut
surpris en paillardise &
tere,
uerna
& l
pas bonnes, c’etadire ne sinifie rien de bien à
lui
songea qu’il se
lauoit le corps de vin : & quelcun
de ceus qui estoient les plus
en bruit
ter
vin, & qu’il laueroit ses dettes esquelles il
estoit
obligé, mais tout le contraire auint, car son vin
fut
corrompu, tourné & gaté.
Songer d’estre changé & transformé en
leur
ment
il faut toutefois que les circonstances ne soient
point
defectueuses : comme quoy ? Quelcun
gea
onze rayons, il passoit par la grand
place de la
Vile : qu’en auint il ? il fut fait Capiteine de la
le,
trespassa. Songer d’estre crucifié sinifie grande
gloire, honneur
& richesse : car celui qui est
cifié,
songea qu’il estoit crucifié en Grece
deuant le
temple
temple, ou il aquit honneurs & biens.
Songer voir les amis & ennemis conuerser &
estre assemblez,
sinifie inimitié enuers celui qui
songe. Felene songea que quelques
vns de ses amis
s’en alloient dehors ensemble auec aucuns
de
leurs ennemis :& il tomba en diuorse & inimitié
auec
ses propres amis, mesmement pour
nes
ausdis ennemis.
Songer les euures seulement à demi faites,
fie
les commencer pas seulement. Cilix
faisant
queste
songea qu’il tondoit vne brebis iusques à la
tié
se réueilla,
songeant qu’il ne pouuoit acheuer de
tondre le reste : or apres
auoir songé cela, il
moit
ritage
traire, il n’obtint & n’ut du tout rien.
Songer voir des Viles ou l
leur que songer en voir d
des Viles de son païs : ou celles ou
l
ne
est bon de les voir bien peuplees & remplies
de
citoyens & de biens, & de marchandises, par
quelles
des Viles. Les parens aussi sont sinifiez
(c’etadire
le Père & la Mere) par les Viles du païs dont l
est. Et pour exemple : Vn homme
songea que son
païs & lieu de sa naissance estoit tombé &
ruïné
par tremblement de terre, & son Père fut
danné
Non seulement en vne semaine, mais aussi en
vne mesme nuit l
uais
Songe
l
ses :
se merueille, atendu que & la vie & les
affaires
d’un chacun sont telles, c’etasauoir meslees
nairement
l
& ne se faut tousiours arrester à vne mesme issue
ou euenement de
Songe, comme qui ne sortisse
pas tousiours pareil efet. En quoy
s’abusa
quefois
comme quelcun ust songé qu’il embrassoit du
fer, & lui
auint d’estre reduit en seruage &
ure
vn autre qui auoit fait pareil Songe qu’il
seroit
condanné au combat particulier en camp clos,
ou à tenir
le ieu d’escrime, & viure aussi entre, &
par le fer, asauoir
par l’exercice & art d’escrimer,
ou l
espees de fer : auquel toutefois semblables cas
uint,
ne faut tousiours s’arrester à vn mesme point &
efet
qui seroit auenu, car seroit afaire à bestes
(cõme sont les
menestries qui ne sauent qu’une
note- mais faut estre ingenieus à
inuenter
iours
aprochantes, car l’esprit & la nature sont
fertiles,
& se recreent & esbatent en varieté &
diuersité.
Les Freres ont mesme sinifiance que les
mis,
Songes : & les ennemis au
semblable pareil efet
que les Freres : & non sans propos : la
raison est
que les Freres ne nous aportent rien quand ils
naissent & viennent au monde, ains diminuent
notre heritage &
succession paternelle, & font
que ce qui seroit tout à nous,
soit diuisé en
sieurs
qu’il ensepulturoit ou faisoit enterrer vn sien
re
ses auersaires &
ennemis. Et ne sinifie pas tant
seulement le trespas des freres, la
perte des
mis,
que
l
merien,
toit,
ment
Ny voir ny manger les viandes que l
estre mises es festins des mortuaires, n’est bon
en
Songe : ny mesmemẽt songer
faire tel conuiue ou
festin à ses parens ou amis : car ce sinifie
& predit
au malade la mort de sa personne : & à celui qui
est
en santé, le trespas de quelque sien familier.
ger
uais : & finisse
victoire. Les choses que l
coutume ofrir & presenter en oblacion ou ofran
de aus
trespassez, n’est pas bon songer de les leur
bailler, ny de les
prendre d’eus : car sinifie la mort
ou à celui qui songe, ou à quelcun de ses parens.
Toutefois prendre
viures, or, argent, habits &
vases de la main des morts, soit le
tout ensemble,
soit à diuerses fois, est bon Songes, & sine de
fit.Mais
malade,
sinifie la mort : pareillement songer estre
en grande tranquilité,
repos & felicité.
Toutes les choses qui ont de coutume auoir
certein tems determiné,
& sont vuës par Songe,
se doiuent raporter audit tems : &
les autres qui
n’ont aucun tems certein ny determiné, se
uent
miné
ger
stances du Songes : car celui seroit bien
sot qui
mettroit
constitué en peine, en grand’ creinte ou grand
espoir. Et
faut sauoir que les choses que l
ge
Ciel) ont leur
efet plus tardif, pour cause de la
longue distance. Dauantage ne
faut ignorer que
les bons ou mauuais Songes sinifient aussi
aus
grans & aus petis plus grans ou plus petis maus
ou
biens.
de la moutarde si bien broyee & si
clere qu’elle estoit buuable : il auint
que l
sacion
en cas de crime, c’etasauoir
d’homicide, duquel fut si bien chargé &
si
ment
fut
executé par iustice.
Vn autre songea que l’eau de la riuiere de Xan
the qui est pres de Troye
la grande, estoit toute
transmuee en sang : Songe certes
espouuantable
& merueilleus : qu’en auint il donq ? il geta le
sang
à diuerses fois par l’espace de dix ans : & ne
rut
grãdes riuieres & de
renom ne tarissent pas, ains
tirent tousiours leur cours immortel.
Vn homme songea que son coussin ou coutre
de lit estoit pleine de blé au
lieu de plumes. Il
auoit femme qui iamais n’auoit fait d’enfans,
&
cette annee là fut enceinte, & lui fit vn fils.
Vn autre songea qu’il alumoit sa chandelle à la
Lune, & il deuint
aueugle : car il songea chose
impossible. Dauantage la Lune n’a point de
miere
Vne femme songea qu’elle voyoit dedens la
Lune trois images, ou
resemblãces siennes, & elle
enfanta trois filles qui au bout du mois
rent :
Vn hõme songea qu’il voyoit son image ou
presentacion
teins,
le continuel changement de la Lune lui sinifioit
que
souuẽt il changeroit de lieu &
d’habitacion.
Vn personnage songea qu’il auoit son
bre
par lequel il fut occis : car aussi le fer par
sa
pre
Vn homme songea qu’un Oliuier lui sortoit
de la teste : & il suiuit
l’estude de Filosofie de
frant courage, & y aquit science &
honneur
durable :
de,
ue,
Vn maitre songea que son seruiteur qu’il
moit
torche ou flãbeau : & il perdit la vuë, &
fut mené
& conduit par ledit seruiteur.
Vn seruiteur songea qu’il voyoit tomber du
Ciel vne Estoile, & en
sortir vne autre de la terre,
& monter au Ciel. Son maitre
trespassa, & le fils
de son maitre monta au lieu du père.
Vn Frere ayant sa seur bien riche & malade,
songea que deuant la
porte de la maison d’icelle
y estoit crù vn Figuier, dont il cueillit
set figues
noires, & les mangea : sa seur trespassa au bout
de
set iours, & lui fut heritier d’elle.
Vn hõme songea qu’il desuétoit sa peau, & se
renouuelloit comme vn
serpent : & le lendemain
il mourut : car l’ame qui deuoit en brief
laisser le
corps, lui representoit telle vision en songe.
Vn autre songea que son père retiroit sa seur
mariee d’auec son mari,
& la bailloit en mariage
à vn autre : auint qu’il mourut tot apres,
car ca
père representoit Dieu le createur & père celeste
de nos
ames : cette seur representoit l’ame de
lui
uec
qu’elle seroit separee de son corps, & viuroit
&
conuerseroit ailleurs : comme ainsi soit que les
ames de ceus
qui meurent ne font que changer
de lieu.
Vn homme songea qu’il estoit gros d’enfant,
& qu’il enfantoit deus
filles noires : & il perdit
les deux yeus, ou la vuë d’iceus, car
les deus
pieres
Vn fils estant loin de son païs, songea que sa
propre mere l’enfantoit
derechef, il retourna en
son païs : trouua sa mere malade, & fut son heri
tier par sa mort, & voiloit ce Songe lui dire &
fier
viendroit à richesse.
Vn homme songea qu’il mangeoit son pain
trempé dens du miel : & il
apliqua son esprit aus
sciences & Filosofies, & aquit sapience,
hõneurs,
& biens : le miel donq par ce Songe lui sinifioit
la
douceur de sapience, & le pain, opulence.
Vn autre songea que de son estomac lui
toient
suruint qui les lui arracha : il
auoit deus fils
qui tot
apres lui
rurent.
*
Fin de l’Epitome du cinquieme Liure
d’Artemidore.
l’Empereur Auguste reposoit
en son lit deuãt que les
armees des Rommains, asauoir
l’ost d’Auguste & de Marc
An
toine d’une part, &
les bendes
de Brute & Caste d’autre, deuoient auoir la
taille
audit
Medecin : & lui commanda de dire à
guste
laissast à se trouuer en la bataille. Ce que
dant
dõna sa tente : ou, plus qu’il ne pouuoit trauailla
pour la
victoire : mais les gens de Brute prindrent
ses pauillons. Et iaçoit
que ledit Auguste ust
beré
neanmoins par l’auertissement dudit Medecin
s’en
estoit geté hors, parquoy sauua sa vie : car les
soudars de Brute faillirent à y entrer, & mirent
tout à sac,
pensans qu’il reposast dedens. Outre
donq que ledit Empereur fust
sutil, prudent &
auisé en tous ses affaires, l’exemple de son
père
adoptif & predecessur Iules encores tout
cent,
car il auoit bien
entendu que Calpurnie femme
dudit Iule Cesar, auoit vù en dormant ma
re
estoit
gisant entre ses bras & en son sein nauré de
plusieurs playes :
& cõment pour l’horrible Sõge
elle l’auoit intãment prié de ne
se trouuer le iour
ensuiuant à la court. Mais lui, à fin qu’il ne
fust vù
prester l’oreille au Songe d’une femme, ayma
mieus aller
au Senat & se transporta au
ment,
de plus de vint playes.
La vision qui aparut en dormant tout en vne
mesme nuit à Puble Dece,
& Manle Torquate,
fut de grande amiracion, & d’issue
manifeste. Car
lors que ces deux Consuls planterent leur
camp
pres du mont Vesuue, s’etasauoir quand les
tins
cun
me,
deuoit estre tué : & que de l’autre la
rie
iroit assaillir les bẽdes des ennemis, & se
voueroit
à soufrir la mort pour ses gens, auroit la
victoire.
Oyans ces nouuelles, & se resentans de leur
ge,
coté de
celui qui premier seroit vù ployer sous le
faiz de la bataille, le
Capiteine de cette bende
debilitee mettroit sa vie pour le païs :
& combien
que ny l’un ny l’autre ne creingnissent telle
ture,
bendes
commencerent à perdre cœur : ce que lui
voyant, se geta au milieu de
ses ennemis l’espee au
poing, & fut occis, ainsi urent les
Rommains
contre les Latins trionfante & desiree victoire
par
ma mort d’un de leurs Chefs de guerre,
uant
Ciceron dechassé de Romme par la
cion
fut illec auis en dormant, qu’en
cheminant par
lieus deserts, rencontra le Consul Mare auec
ses
satellites, qui lui demanda pourquoy il estoit si
triste,
& à raison dequoy il tenoit les chams, &
s’estoit ainsi
transporté en chemin inconnu : puis
apres auoir entendu les raisons,
& l’infortune du
dit Ciceron, le print par la dextre, & dõna charge
au principal de ses Oficiers de la conduire iusques
en sa chapelle : lui disant qu’en ce lieu pourroit
auoir quelque
ioyeuse nouuelle de la
ce
car en la chapelle que Mare auoit fait bátir,
les
Senateurs traiterent du retour de Ciceron, & fut
ainsi
conclu, qu’il retourneroit à pur & à plein,
sans aucune charge
ny deshonneur.
Comme Gaie Gracche dormoit, il songea voir
son frere Tibere lui
disant qu’il seroit tué
me
rent
qu’il ust l’ofice de Tribun du peuple, en laquelle
il
reçut mort semblable à sondit Frere.
Comme quelcun faisoit tenir à Syracuse vn ieu
de pris, Artere le
Rous cheualier Rommain
gea
pescheur le tuoit. Le iour d’apres se trouua au
combat,
& recita ce Songe aus assistans. Auint
incontinent apres, que
pres du lieu ou estoit ledit
Artere, on vint introduire deus
combatans, dont
l’un portoit en sa deuise vn poisson sur son
me :
ce
poisson, lui va dire : Ie pensois cette nuit que tu
me tuois : & pourtant se vouloit Artere retirer
hors de là :
doutant quelque cas de mauuais par
ce Songe : mais les combatans lui
donnans
role
en ce mesme lieu le pescheur abatit l’autre
batant,
coup se destourna,
& vint trauerser le poure
tere,
l’efet de son Songe.
Annibal dormant eut vne vision telle, qu’il lui
sembloit voir vn
ieune fils beau cõme vn Ange,
qui lui estoit enuoyé du Ciel, pour le
conduire à
assaillir l’Italie : puis apres, se destournant, vid
vn
tresgrand serpent qui par impetuosité &
ce
venoit vne
foudre & pluie impetueuse qui
scurcissoit
demande à ce beau ieune fils, quel cas
leus
respond : tu vois la ruïne d’Italie : pource ne
ne
ia besoin
desclairer icy quels maus Annibal ha fait
en Italie apres &
suiuant ce Songe.
O que bien auoit esté amonnesté Alexandre
Roy de Macedone en son dormir, qu’il prinst
mieus garde à sa vie, si
la fortune lui ust voulu
permettre vser de conseil à euiter ce
danger ! Car,
certes, il connut par Songe, auant que sentir
par
efect, que la main de Cassandre lui estoit
meuse,
mourir par icelui
auant que l’auoir vù. Depuis, &
quelque tems apres ce Songe,
comme Cassandre
vint en sa court, & se presentast à lui, lors il
eut
remembrance & souuenir, en le regardant, que
telle
estoit l’efigie pernicieuse qu’il auoit vuë en
dormant : toutefois
quand il sut que c’estoit le fils
d’Antipatre, chassa toute creinte
& soupson de
son courage, encores en recitant vn vers
Grec
qui dit que l
ges :
estoit ia preparee pour le faire mourir, & tient
l
sandre.
Les destinees furent bien plus fauorables au
poëte Simonide qu’au
grand Roy Alexandre,
Qui diuinement l’auertirent & conseillerent
en
dormant, puis à son réueil s’arresta à tel
ment.
à quelque port, &
illec ust trouué vn corps
d’homme mort sans sepulture, & par
pitié l’ust
enterré : la nuit ensuiuant songea qu’il voyoit
lui
pres
terre : & ses compagnons voulans faire
voyage
furent en sa presence tous peris par tempeste
&
tourmente de mer. Ainsi il eut grand’ ioye
d’auoir plustot eu fiance
en vn Songe, en cas de
sa vie, qu’a vn nauire : puis reconnoissant
ce
fait,
elegans,
lui batissant vn trop meilleur sepulcre, &
de plus de duree en
la mémoire des hommes, que
celui qu’il lui auoit bati & dressé
entre les
blons
Le Songe qui premierement mit en
de
le conduisit en tristesse &
dueil, fut certes mer
ueilleus, & de grande force &
eficace. Car de deux
fils qu’il auoit, le plus alaigre & plus
douë de
feccion
ne
Parquoy pour empescher & diuertir l’aigreur de
ce
malheur, le bon père ne cessa d’y donner ordre
par tous moyens. Ce
ieune Prince, nommé Atis,
auoit auparauant acoutumé d’aller en
guerre,
son père lui fit garder la maison : il auoit vne
chambre
garnie de tous bastons de guerre, son
pere les lui fit tous oter : il auoit sa garde bien
mee
n’aprochast de lui. Et
nonostant tout cela, les
destinees lui dõnerent entree de pleinte
& dueil.
Car comme vn grand sangler gatast les biens
de
terre sur le mont Olympe, & mit à mort
coup
semblent,
adõq Atis fit tant enuers son père qu’il y fut
uoyé,
ment,
mais la dent : mais qu’auint il ?
Voici, cõme
cun
pour le tuer, alors fortune ineuitable qui
tueusement
ieune
Prince, destourna sur lui vn espieu qui
estoit lancé contre la
beste : ainsi mourut il
rable,
Le roy des Medes Astyage, ayeul maternel de
Cyre, fit deus Songes :
le premier c’et qu’il voyoit
que sa fille Mandane couuroit de son
vrine
tes
la
maria pas à aucun grand personnage du païs, à
ce que le Royaume ne
tõbast ou paruinst à elle,
ou aus siens, car il se doutoit de cela : ains la
na
païs de Perse. Le second, c’et qu’il
voyoit
sortir de la nature de sadite fille vne vigne
qui
ombrageoit par croissance continuelle toutes les
parties de
son domaine : & pourtant commanda
que Cyre qui estoit né
d’icelle fust degeté &
posé
trompa lui mesme par son conseil &
prudence
humaine, cuidant empescher la felicité & bon
heur
de son petit fils que les Cieus lui gardoient,
comme le Songe auoit
presinifié.
Amilcar Colonel des Carthaginois,
geant
sembla ouir vne voix qui lui disoit q̃ le prochein
iour il souperoit en
ladite vile. Lui de cette
uelle
la victoire : si mit son camp en armes : & en
sant
sion
&
Siciliens, si que ceus de la vile faisant vne
deine
nerent
plus trompé de son espoir q̃ de son Songe, soupa
en ladite
vile cõme captif, non cõme veinqueur,
ainsi qu’il esperoit & q̃ son afecccion le cõduisoit.
Alcibiade songea qu’il estoit couuert de la
be
mesme robe qu’il auoit songee, elle
le couurit
apres qu’il eut esté occis par les gens de
baze
Iaçoit que ce Songe suiuant soit plus long à
reciter que le
precedent, si est il bien dine d’estre
mis en mémoire pour son
euidence & certitude.
Deus amis d’Arcadie faisans chemin
ensemble
vindrent en la vile de Megare : l’un d’iceus se
ra
en vne
tauerne : le premier songea la nuit, que l’au
tre le prioit le venir
secourir alencontre de la
hison
courir, le pourroit deliurer du grand danger
ou
il estoit : apres cette vision il se leue, & se met
en
voye pour aller à icelle hotelerie : puis par vn
heur
que c
de
nuit à ladite tauerne : si s’en retourne à son lit,
& recommence
à songer de plus belle : auis lui
fut que son compagnon nauré à mort
par ledit
hoste, le prioit que bien qu’il eut esté nonchalant
de
le secourir en la vie, à tout le moins qu’il ne lui
refusast la vengeance de sa mort : lui declairant
q̃ son corps meurdri par son hoste,
estoit à
re
de fumier dens vne charrette. Adonq se leue le
póure homme
tant pressé par les prieres de son
ami, & s’en vient à la porte
de la vile : si trouue la
charrette qu’il auoit vuë en dormant,
& l’arreste
puis met la main sur le collet du tauernier,
le
meine en iustice, & le cas de crime aueré, fut
ledit
tauernier executé par sentence de mort.